Étudier à volonté

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Par Amatoullah Aouame
lundi 21 novembre 2016
Étudier à volonté
L'anticafé dans le quartier Hochelaga. Crédit photo : Amatoullah Aoume.
L'anticafé dans le quartier Hochelaga. Crédit photo : Amatoullah Aoume.
Depuis l’ouverture du premier anticafé à Montréal en 2015, ce type de lieux commencent à se multiplier dans la métropole. Un concept original où les usagers paient à l’heure et qui séduit déjà les étudiants.

«C’est moins cher que d’aller à Starbucks où je me sentirais obligée de prendre plusieurs cafés à 4 $ », rapporte l’étudiante en sciences de la santé au collège Jean-de-Brébeuf Catherine Desneules, installée à une table du Caravane Office, attenant au Caravane Café. Le concept de l’anticafé est de payer selon le temps passé à l’intérieur. Pour 3 $ de l’heure en moyenne, il est possible de se servir du café, du thé et des collations de manière illimitée.

La cuisine est également en libre-service, invitant les clients à apporter leur propre repas. « J’ai la possibilité d’apporter mon lunch. Comme ça, je n’ai pas à payer un repas ou alors j’ai aussi une réduction si je mange au café en dessous », explique l’étudiante au baccalauréat en communication à l’UdeM Marie-Alice Fortin, présente elle aussi au Caravane Office.

La copropriétaire de ce nouvel anticafé, situé à quelques mètres du pavillon 3200, rue Jean-Brillant de l’UdeM, Valérie Aubin-Jévrémovic, s’est rendu compte de la demande croissante pour ce type d’agencement. « Dans le Caravane Café, il n’y avait pas assez de places pour les étudiants qui avaient besoin d’un espace pour vraiment travailler », indique-t-elle. Elle a donc décidé d’aménager un nouvel endroit à l’étage supérieur, correspondant davantage aux besoins des étudiants. Ils ont aussi accès à une imprimante, un numériseur et un téléphone interurbain pour les appels au Canada et vers les États-Unis.

Échanges et rencontres

Ce désir de plus grands espaces collaboratifs de travail est une affaire de génération, selon le professeur au Département de sociologie de l’UdeM Paul Sabourin. « L’émergence des anticafés s’inscrit dans un nouveau mode de relations socioéconomiques dans l’usage de l’espace », explique-t-il. Selon lui, fréquenter un tel endroit serait un moyen économique pour les étudiants qui souhaitent travailler ou être actifs socialement, sans toutefois devoir assumer les exigences d’entretien d’un lieu de résidence personnel. Au Caravane Office, une salle de conférence est par ailleurs disponible pour les étudiants voulant réaliser des présentations ou des projets d’équipe.

Construits dans d’anciens appartements, les anticafés se caractérisent également par une sensation d’être chez soi, du salon à la cuisine aménagée. « J’aime le fait que je puisse faire comme chez moi, je peux me mettre à l’aise […], je m’asseois comme je veux », raconte Catherine, les pieds nus et croisés sur sa chaise. La décoration des lieux est pensée de manière à maximiser le confort des personnes qui le fréquentent.

« Remarquez que les anticafés mélangent travail, loisirs et espaces affectifs », ajoute le professeur. Ces « espaces affectifs » qu’évoque M. Sabourin sont des endroits qui facilitent les rencontres et les échanges avec d’autres personnes. L’évolution du mode de vie des étudiants depuis 40 ans est aussi un facteur explicatif du succès de ce concept, selon M. Sabourin. « Le travail salarié occupe une part très importante des heures de la semaine et les relations familiales font que certains demeurent chez leurs parents plus tard », ajoute-t-il.

Cela amène les étudiants à apprécier davantage des lieux confortables, hors de leurs vies professionnelle et personnelle. « Je rencontre des gens et je les revois souvent ici, c’est un lieu de rendez-vous ! », lance l’étudiante en psychologie et sociologie à l’UQAM Solida Phann. Des expositions d’art, des soirées et des concerts sont régulièrement organisés dans les trois anticafés que compte Montréal, dont le succès est de plus en plus manifeste.

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