Statut en balance

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Par David Brosseau
vendredi 18 janvier 2019
Statut en balance
Le Syndicat des employés de la recherche de l’UdeM représente environ 700 employés. Crédit photo : Pixabay.com.
Le Syndicat des employés de la recherche de l’UdeM représente environ 700 employés. Crédit photo : Pixabay.com.
L’Association canadienne des stagiaires postdoctoraux (ACSP) s’inquiète des conditions de travail de ses membres. La compétitivité du milieu et le salaire sont au centre de leurs préoccupations.

«L’idée des études est entre autres que l’étudiant obtienne une chance d’avoir un meilleur travail et un meilleur salaire, lance le président de l’ACSP, Joseph Sparling. Le système canadien des études postdoctorales échoue misérablement. » Il estime que poursuivre après le doctorat n’est pas un bon investissement économique.

« Il y a un énorme problème, puisque selon les universités, le postdoctorant est traité comme un employé sous contrat, comme un étudiant, ou bien encore comme un stagiaire de recherche », clame-t-il. Le président précise que cela entraîne des disparités dans les conditions de travail au pays. « Certains étudiants sont payés moins de 40 000 $ par année. Cet argent est souvent taxé et en plus, ils n’ont pas d’assurance médicaments et dentaire », explique M. Sparling. Un sondage de l’ACSP datant de 2016 place le salaire moyen des stagiaires postdoctoraux canadiens à 47 798 $ par année, et leur âge à 34 ans.

Pas seulement une question de salaire

Pour le président de l’ACSP, la compétitivité du milieu et les ouvertures sur le marché du travail posent problème. « Il y a peu de postes de chercheurs qui leur sont ouverts au terme de stages qui ont souvent duré deux ou trois ans », estime M. Sparling. Il soulève que les stagiaires tentent souvent de devenir professeurs, mais que là encore, la compétition est rude.

Ne pas toujours être considérés comme employés peut aussi les mettre dans une position incertaine, selon lui. « Il y a eu des cas où des centres de recherche n’avaient plus de fonds pour leurs chercheurs, alors ils ont dû les congédier », explique M. Sparling.

La situation à l’UdeM

Le Syndicat des employés de la recherche de l’Université de Montréal (SERUM) est en train de colliger les différents points de vue de ses membres pour savoir ce qu’ils pensent de leur situation actuelle. « Le SERUM tente par la négociation de stabiliser ces emplois, car les stagiaires postdoctoraux affiliés au syndicat sont des salariés et non des étudiants, précise la présidente du SERUM, France Fillion. Le gouvernement a statué qu’ils ne peuvent être plus de 5 ans stagiaires postdoctoraux, et heureusement, car ce type d’emploi devait être à la base un tremplin pour un poste de professeur et non du cheap labor [main-d’œuvre bon marché] pendant de longues années. »

Aller ailleurs

Certains nouveaux post-doctorants décident d’aller poursuivre leurs études en dehors du pays. « Dans mon domaine, si tu restes dans la même région où tu fais ton doctorat, c’est un suicide au niveau de ta carrière », explique le postdoctorant Martin Dufresne. Après avoir effectué ses études en chimie à l’UdeM du baccalauréat au doctorat, il a pris la décision se rendre à l’Université Vanderbilt, à Nashville, dans le Tennessee. Il estime que son départ a été avantageux. « Aller dans un laboratoire dans un autre pays, ça te permet de voir des façons de faire différentes, ça ouvre ton horizon », raconte l’étudiant.

Martin estime avoir un avenir professionnel assuré. « Un CEO [chef de la direction] m’a dit de le contacter pour un poste de chercheur dès que je serai prêt », explique le postdoctorant. Cette proposition est survenue moins d’un an après son arrivée aux États-Unis.

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