Société

Flambée des prix entre quatre murs

Parmi les options de logement qui s’offrent au début du parcours universitaire, les résidences constituent souvent le premier chez-soi. Comme plusieurs, l’étudiante de deuxième année au certificat en journalisme multiplateforme Alice Jallet-Auguste-Garibaldi témoigne d’une première année enrichissante en résidences ZUM l’an dernier.

Elle révèle y avoir rencontré des ami·e·s, bénéficié d’un soutien dont elle avait besoin et apprécié la proximité au campus, tout en soulignant le style temporaire du logement. « C’est vrai que ça m’a apporté une stabilité dès le début, avoue-t-elle. Ça m’a permis de mieux comprendre le système universitaire, alors que je n’avais vraiment aucune idée de comment ça se passait. » Elle ajoute qu’étant arrivée seule à Montréal, les résidences lui ont permis de s’intégrer d’une manière vraiment efficace en début d’année.

L’herbe toujours plus jaune ailleurs

D’un autre côté, les résidences ZUM montrent des signes de vieillissement et exigent désormais des rénovations. Bien que les prix soient attractifs, les installations restent rudimentaires, selon Alice. Elle mentionne que « les ascenseurs ne fonctionnent jamais », une situation difficile pour les personnes qui résident au quatorzième étage. L’étudiante, qui vit maintenant en colocation dans le quartier Côte-des-Neiges, reconnaît que les résidences universitaires offrent un bon soutien, mais elle suggère aux autres étudiant·e·s d’envisager d’autres options en fonction de leur budget, si l’occasion se présente.

Alice aimerait bien habiter seule l’an prochain, mais le prix des logements ainsi que l’offre minimale ne vont probablement pas lui permettre de vivre cette expérience. « Je me suis dit: autant rester [en colocation], poursuit-elle. Les loyers qui augmentent, c’est le cas pour tout le monde. »

L’étudiant de deuxième année en sciences politiques Matthias Lebert, qui habite maintenant depuis deux ans dans les résidences ZUM, est insatisfait. « Mon étage, je sais que ça va, mais je sais qu’il en y a d’autres où le plafond est détérioré et ça fait six mois que c’est comme ça », déplore-t-il. Il recherche un appartement sur l’île de Montréal avec ses amis en vue d’une collocation.

Malgré l’état des lieux vieillissant, l’avantage financier demeure l’attrait principal des résidences, selon Matthias. « C’est un peu pour ça que je suis resté aussi, pour le prix qui est moins cher que sur le marché des appartements en ce moment. C’est le plus grand atout. » Tout comme Alice, il entrevoit de devoir affronter une concurrence féroce lors des visites d’appartements et de prévoir son budget d’habitation, qui devra doubler.

Nouveaux sentiers

La directrice des affaires publiques à l’Unité de travail pour l’implantation des logements étudiants (UTILE), Élise Tanguay, souligne que les étudiant·e·s se trouvent dans une situation particulière, car ils sont les « victimes ainsi que les bourreaux » de la problématique.

« Quand on regarde les grandes villes où il y a des enjeux de logement pour la population en général, ce sont souvent des villes où il y a des établissements d’enseignement universitaire », explique Mme Tanguay.

De plus, Mme Tanguay dévoile que l’organisme va porter une attention particulière aux quartiers avoisinants de l’UdeM, notamment celui de Parc-Extension, dans un avenir proche. « C’est certain qu’on veut développer à très court terme dans le secteur au nord de la montagne, précise-t-elle. On sait que les besoins sont grands, on sait qu’il y a de grands déplacements qui se sont étalés rapidement. »

La présence et l’expansion des résidences étudiantes sont avantageuses pour tous·tes, selon Mme Tanguay. « Lorsqu’on augmente l’offre de logements, ça donne un coup de main à tout type de ménage », avance-t-elle.

Non seulement les résidences étudiantes allègent le poids sur le marché locatif, mais elles offrent également une stabilité résidentielle en comblant un besoin crucial, estime-t-elle. L’UTILE continue de proposer des solutions, en grande partie grâce à la recherche et à la présentation de données probantes. Selon leur étude, PHARE 2021, 77% des étudiant·e·s du Québec étaient locataires; 69% sur le marché privé et 8% en résidences universitaires.

L’objectif de l’UTILE consisterait essentiellement à créer un réseau protégé par la spéculation du marché locatif dans les centres urbains, à l’extérieur des résidences universitaires. Ce réseau permettrait de profiter d’appartements de transition. Ce que l’organisme souhaite offrir, c’est une offre complémentaire selon Mme Tanguay. « C’est-à-dire qu’un étudiant vient s’inscrire souvent soit pour la deuxième année, soit pour le reste de son parcours résidentiel étudiant, pour s’assurer d’avoir une stabilité résidentielle durant tout le parcours de ses études », précise-t-elle.

En 12 ans d’existence, l’UTILE a lancé 11 projets, dont 8 à Montréal, pour un total de 1847 appartements à ce jour. Ces derniers sont le résultat de projets interuniversitaires ou directement le fruit de collaborations avec les associations étudiantes des universités locales.

Des prix entre quatre murs

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Un studio simple aux résidences ZUM

446$ par mois

Un studio simple à Montréal avec l’UTILE

entre 724$ et 784$ par mois

Un studio simple sur le marché privé dans le quartier Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

(selon les dernières données du site web Appartogo)

1206$ par mois

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