Moment historique sur le campus

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Par Aurélia Crémoux
mercredi 10 avril 2024
Moment historique sur le campus
En moyenne, sur Terre, cet évènement arrive seulement tous les 400 ans, et la prochaine à Montréal sera en 2205 selon l’astrophysicienne et directrice adjointe de l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes, Nathalie Nguyen-Quoc Ouellette. Crédit photo Patrick MacIntyre
En moyenne, sur Terre, cet évènement arrive seulement tous les 400 ans, et la prochaine à Montréal sera en 2205 selon l’astrophysicienne et directrice adjointe de l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes, Nathalie Nguyen-Quoc Ouellette. Crédit photo Patrick MacIntyre
Ce lundi 8 avril 2024, dès 14 h 30, environ 3000 personnes se sont réunies dans le stade de football du CEPSUM pour assister à un évènement autour de l’éclipse solaire totale, dont l’organisation a commencé il y a deux ans.

Dès l’ouverture des portes, les spectateur·rice·s ont peu à peu envahi la pelouse et les gradins du stade, s’installant face au soleil. La journaliste scientifique Marie-Pier Élie a animé l’après-midi qui a commencé par une série d’entrevues.

« En moyenne, sur Terre, cet évènement arrive seulement tous les 400 ans, et la prochaine à Montréal sera en 2205, alors profitez-en aujourd’hui », a conseillé l’astrophysicienne et directrice adjointe de l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes, Nathalie Nguyen-Quoc Ouellette, à l’auditoire.

La prédiction des éclipses n’est pas récente, comme l’a rappelé le professeur au Département d’histoire Philippe Genequand. Vers 1270, les Tables alphonsines demandées par le roi d’Espagne, Alphonse X de Castille, prédisaient en effet les éclipses qui auraient lieu 300 ans plus tard, à une heure près. « La conception du monde était pourtant fausse [à cette époque], précise le professeur. Selon eux [les astronomes de l’époque], la Terre était au centre de l’univers et la Lune, les planètes et les étoiles tournaient autour d’elle. »

Mme Nguyen-Quoc Ouellette a aussi expliqué à la foule qu’au fur et à mesure que la Lune allait cacher le Soleil, la température allait chuter de quelques degrés. Elle a ajouté que l’évaporation allait diminuer, contribuant à dissiper les nuages. « Essayez de manifester ça dans l’univers, on veut que les nuages disparaissent », a-t-elle adressé au public.

Ce phénomène rare exerce d’ailleurs une influence sur les animaux et sur les insectes. « Chez certains animaux, comme les siamangs, on observe des cris très aigus et prolongés qu’on n’observe à aucun autre moment de leur vie », a illustré la professeure à la Faculté de médecine vétérinaire Claire Vergneau Grosset.

Avant le début de l’éclipse, le gagnant du prix coup de cœur du public du concours U en spectacle 2024 et étudiant en éducation physique et à la santé, Jérémy Chhor, a rappelé les consignes de sécurité au cours d’un numéro d’humour qu’il a présenté sur scène.

Une éclipse musicale

Au moment de l’éclipse totale, la pièce musicale Éclipse, créée pour l’occasion par les étudiant·e·s à la Faculté de musique Vivian Li et Thomas Augustin, a été jouée. « Il y a un peu de tout : des synthétiseurs, mais aussi des instruments acoustiques comme la guitare et le vibraphone », avait confié Thomas dans un article d’UdeM nouvelles début avril. D’une durée d’environ cinq minutes, le morceau a été conçu en trois parties. Vivian avait expliqué que c’était une « musique foisonnante », avec une accumulation de détails, qui ne cessait d’évoluer en intensité. Thomas, lui, avait déclaré espérer que « la musique enserre tous ceux et celles [qui seraient] présents ». Et cette intensité semble avoir aidé la foule à créer un sentiment d’immersion, qui a atteint son pic à 15 h 27 min 16 s exactement.

Émerveillement partagé

Le public, muni de lunettes de protection, a gardé les yeux rivés sur le soleil, avant de retirer celles-ci au moment de l’éclipse totale, alors que la Lune passait devant le Soleil. La luminosité a soudainement baissé, plongeant le lieu dans l’obscurité. Se sont alors élevés des bruits d’émerveillements devant ce spectacle inédit.

Anne faisait partie des personnes présentes. Elle confie avoir déjà vu des éclipses partielles en Europe, mais jamais d’éclipse totale comme celle-ci. « Tout à coup, les ombres se sont allongées, la température a baissé et l’obscurité est tombée très vite, tout a changé, décrit-elle avec enthousiasme. J’ai ensuite enlevé mes lunettes, et ce que j’ai vu était extraordinaire. »

Pour Mélissa et Mathieu aussi, le phénomène astronomique a suscité des émotions. « Il y avait beaucoup d’excitation et une belle énergie, confie Mathieu. On sentait vraiment que c’était un moment spécial pour tout le monde. »

Panayota a quant à elle profité de l’occasion pour prendre une journée de congé et aller vivre ce moment « marquant d’une vie » avec ses quatre jeunes enfants ; une expérience « unique », selon eux. « Ça fait quelques mois qu’on avait les lunettes, et ça a été l’occasion pour moi de montrer à mes enfants l’université dans laquelle j’ai étudié », précise-t-elle.