Parc-Extension aux barricades de l’UdeM

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Par Gabriel.Laurier
mardi 22 février 2011
Parc-Extension aux barricades de l'UdeM

La gare de triage est une cicatrice qui divise l’arrondissement d’outremont de celui de Parc-Extension. (Source : elecnix)

Nous sommes en 2020 sur le campus de l’UdeM à Outremont. Un étudiant, au dixième étage d’un pavillon tout neuf, jette un regard au nord sur un quartier bruyant et engorgé d’automobiles. En bas, un homme fixe un mur de béton en regrettant les loyers modiques et la tranquillité d’autrefois. Une vision pessimiste qui alerte certains résidents du quartier Parc-Extension.

Densément peuplé et enclavé, Parc-Extension est une terre d’accueil pour les immigrants [voir plus bas]. Le quartier vit une situation complexe. C’est que la gare de triage sur laquelle sera implanté le nouveau pavillon est présentement une cicatrice dans la topographie locale qui divise l’arrondissement d’Outremont de celui de Parc- Extension. Les plans du futur campus Outremont de l’UdeM prévoient que des bâtiments de 8 à 11 étages vont venir ceinturer la frontière des deux quartiers.

« Nous ne sommes pas contre le projet, explique Marc Lalonde, résident du quartier. Nous avons la chance de créer une ouverture qui permettra de revitaliser le quartier et de mieux intégrer les nouveaux arrivants. C’est pourquoi nous devons être inclus dans le plan d’urbanisme afin d’en profiter aussi. »

Dénonciation

Lors d’une rencontre tenue le 5 février dernier, des citoyens de Parc-Extension ont dénoncé leur exclusion du processus d’élaboration des plans du futur campus. « On n’a pas mentionné le nom de Parc-Extension dans les études de terrains, explique Giuliana Fumagalli, porte-parole du Comité citoyen de Parc -Extension. L’arrondissement d’Outremont, la Ville de Montréal et l’UdeM nous tournent le dos. »

L’UdeM rejette cette affirmation. « Depuis 2007, des recommandations de la population ont été intégrées dans les plans », rétorque Sophie Langlois, directrice des communications de l’UdeM. Elle rappelle que la concertation avec les quartiers en périphérie du campus est la responsabilité de la Ville de Montréal.

Les critiques viennent aussi du corps professoral de l’UdeM. « L’Université est une institution phare dans la société et elle refuse de s’intégrer dans la trame urbaine , comme si c’était quelque chose d’impur, dénonce Jean-Claude Marsan, professeur titulaire de la Faculté de l’aménagement de l’UdeM. Il y a une espèce de refus idéologique : nous, on est pur, et il faut absolument un campus avec des clôtures autour. »

Gentrification

Les plans actuels du campus d’Outremont prévoient 1300 logements. Pas assez selon M. Marsan, pour qui il faudrait planifier un plus grand nombre de résidences étudiantes. « Il faut éviter que des étudiants et des professeurs s’approprient le quartier, plaide-t-il. Ça va faire augmenter le coût des loyers et des propriétés. Il y a toute une classe qui va se faire pousser dehors. C’est ce qu’on appelle de la gentrification. »

Tout de même, le plan d’aménagement du campus a remporté en 2007 un prix d’excellence dans la catégorie « design urbain » de l’Institut Canadien des urbanistes. « Ça veut seulement dire que le projet es t beau, et à Parc- Extension, on ne profitera pas du “beau” », fulmine Mme Fumagalli.

Parc-Extension

Le quartier est situé dans la région centre-nord de l’île de Montréal et partage sa frontière sud avec l’arrondissement Outremont. avec une population d’environ 35000 personnes répartie sur 1,6 km2, il est l’un des territoires les plus densément peuplés du canada. Près de 79 % de sa population de plus de 15 ans est immigrante de première génération.

Le futur campus d’Outremont

En 2006, l’UdeM achète le terrain de la gare de triage d’Outremont pour construire son nouveau campus à la limite du quartier Parc-Extension. Il comportera 25 édifices fréquentés par 10000 étudiants et entre 1000 et 2000 employés et enseignants. La décontamination des sols débutera au printemps prochain. La fin des constructions est prévue pour 2022.