Troubles psychologiques: état des lieux dans les autres universités

icone Societe
Par Camille Feireisen
mercredi 16 septembre 2015
Troubles psychologiques:  état des lieux dans les autres universités
La SÉTUE est en grève depuis lundi 7 décembre. (Crédit photo: Camille Feireisen)
La SÉTUE est en grève depuis lundi 7 décembre. (Crédit photo: Camille Feireisen)
Les universités de Sherbrooke (UdeS), du Québec à Montréal (UQAM) et McGill remarquent une augmentation des demandes de soutien psychologique de la part de leurs étudiants. Pour les aider, les établissements réfléchissent à des solutions et multiplient les projets.
« Au cours des cinq dernières années, nous avons vu une augmentation de 30 % en termes de fréquentation de notre service. »
Giuseppe Alfonsi - Directeur clinique adjoint du Service de santé mentale de l’Université McGill

UQAM

Projets et collaborations

Les étudiants de l’UQAM ont accès à trois rencontres gratuites de soutien psychologique pour une année universitaire. L’Université participe au programme Score avec le Centre sportif et aux projets Korsa et Virgule qui visent à aider les étudiants à gérer leur anxiété ou un état de stress passager ainsi qu’à développer leur sens de l’organisation et leur concentration.

Outre des ateliers d’entraide, l’Université passe aussi par les médias sociaux pour sensibiliser ses étudiants avec des « capsules psy » disponibles sur des sites comme YouTube et UQAM.tv. « L’UQAM connaît une augmentation des demandes en soutien psychologique, précise la directrice de la Division des relations avec la presse et événements spéciaux, Jenny Desrochers. La croissance des demandes pour voir un psychologue est de l’ordre de près de 40 % depuis 2012. »

Toutefois, Mme Desrochers fait remarquer qu’une première consultation ne donne pas toujours lieu à un suivi psychologique plus approfondi. « Certains étudiants sont rapidement dirigés vers d’autres services internes ou externes plus adéquats pour eux, comme du soutien à l’apprentissage ou de l’information scolaire », explique-t-elle. 

Pour les cas plus pressants, des plages horaires de consultation rapide ont été mises en place. « Nous avons réussi à réduire nos délais d’attente par la mise en place, depuis le printemps 2014, d’un service d’accueil psychosocial, rapporte Mme Desrochers. Les étudiants qui demandent une consultation reçoivent une réponse dans un délai rapide, soit une réponse immédiate dans 10 % des cas ou dans un délai d’environ 24 à 72 heures. » À l’automne, l’Université mettra en place un projet-pilote de pairs aidants dans les résidences pour briser l’isolement de certains étudiants. Une douzaine d’étudiants seront formés et encadrés par des professionnels des services à la vie étudiante pour faire la promotion de la santé psychologique dans les deux résidences de l’UQAM.

McGill

Multiplication des actions et des idées

Les étudiants ont accès à deux services : Mental Health Service (service de santé mentale) et Counselling Service (service d’aide psychologique). Tous deux sont gratuits, car pris en compte dans les frais d’inscription des étudiants. Le premier fonctionne selon un modèle clinique, avec des thérapies et des médicaments. Le second propose des suivis individuels, des ateliers de relaxation et des rencontres avec des conseillers.

 « Au Mental Health, nous avons accueilli 3 200 étudiants l’année passée, ce qui a donné lieu à 23 000 rencontres, on est donc bien occupés », souligne le directeur clinique adjoint du Service de santé mentale de l’Université, Giuseppe Alfonsi.

Côté prévention, les services maintiennent d’étroites relations avec les associations étudiantes et les différentes facultés. « Nous avons du personnel délégué pour la promotion de la santé mentale dans les programmes universitaires », indique M. Alfonsi.

La clinique existe depuis 50 ans et s’est considérablement développée, passant d’une équipe composée de deux psychiatres à une douzaine de professionnels de la santé mentale à temps plein. « Au cours des cinq dernières années, nous avons vu une augmentation de 30 % en termes de fréquentation de notre service, confie le psychologue. C’est très difficile de gérer autant de demandes. Aussi, je pense que les cas que nous voyons sont de plus en plus sérieux, comme des bipolaires, des personnes souffrant de dépression sévère… »

Selon M. Alfonsi, les universités québécoises sont progressistes sur la question de la santé mentale. Il y a neuf mois, le Service de santé mentale a tenu une séance de questions et réponses sur le site internet communautaire Reddit. Les étudiants ont pu poser leurs questions à des professionnels du milieu et exprimer leurs opinions quant au fonctionnement des services. « Nous essayons beaucoup de techniques avec les facultés, mais aussi avec la technologie ou internet, explique M. Alfonsi. Si on met la santé mentale dans un édifice ou à part, comme dans une petite boîte, cela n’aide pas les gens à avancer. C’est important aussi de sortir de son bureau, d’utiliser les réseaux sociaux pour communiquer avec les étudiants. »

Pour les prochaines années, M. Alfonsi et son équipe réfléchissent à d’autres avenues. « Il faut trouver des techniques pour accueillir plus d’étudiants », croit le psychologue. Le service prévoit lancer des thérapies de groupe, à l’instar de ce qui se fait à l’Université de Toronto.

Université de Sherbrooke

Moins de gêne à consulter

À Sherbrooke, les étudiants ont accès à deux types de consultation individuelle : un suivi psychologique à très court terme comportant plusieurs rencontres ou des consultations ponctuelles sans suivi continu. Ces rencontres coûtent 40 $ chacune, et le délai d’attente peut varier de 30 jours pour le premier service, à une journée pour le second.

Le Service de psychologie et d’orientation propose aussi des ateliers sur différents thèmes et un soutien ­professionnel. « On observe que plusieurs personnes clés sur le plan de l’encadrement étudiant, que ce soit des ­professeurs, chargés de cours, coor­donnateurs de stage, conseillers péda­gogiques ou secrétaires de ­facultés, parlent plus ouvertement à leurs étudiants de l’existence de ces services et y dirigent davantage les étudiants en difficulté », indique la conseillère en relations médias de l’UdeS, Isabelle Huard.

Comme dans les autres universités, le nombre de demandes pour un suivi psychologique a doublé depuis dix ans, même s’il s’est stabilisé au cours des trois dernières années, selon Mme Huard. « L’université constitue une microsociété en soi, pointe-t-elle. Les motifs de consultation sont variés, comme des problèmes de stress et d’anxiété, des difficultés relationnelles ou des problèmes de santé mentale. » D’après la conseillère, les étudiants sont aussi plus ouverts à consulter qu’auparavant.