Les Noces de Figaro en deux temps

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Par Etienne Galarneau
mardi 23 février 2016
Les Noces de Figaro en deux temps
Les Noces de Figaro a été présenté pour la première fois le 1er mai 1786 au Burgtheater de Vienne. Crédit photo: Sarah Bouchaïb.
Les Noces de Figaro a été présenté pour la première fois le 1er mai 1786 au Burgtheater de Vienne. Crédit photo: Sarah Bouchaïb.
L’Atelier d’opéra de l’UdeM présente Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) du 25 au 28 février, à la salle Claude-Champagne. Présentée à l’Université une première fois en 2005, cette œuvre alliant la musique de Mozart et les mots du librettiste Lorenzo Da Ponte est considérée comme un incontournable du répertoire lyrique. Mérite-t-elle pour autant d’être offerte au public une deuxième fois en dix ans?

Il est important de placer l’œuvre dans son contexte pour mieux saisir son influence à travers le temps. Voici quelques points de discussion de cette production mise en scène par François Racine et dirigée par Jean-François Rivest.

Le Mariage ou Les Noces?

La version de Beaumarchais du Mariage de Figaro est une œuvre se situant dans la lignée des comédies tournant en ridicule des personnages issus de la bourgeoisie et de la noblesse. La pièce a été interdite pendant de nombreuses années par la royauté, le dramaturge ne bénéficiant pas des mêmes faveurs à la cour de Louis XVI que celles octroyées à Molière par Louis XIV. Da Ponte et Mozart ont donc retiré toutes les scènes trop suggestives ou les critiques du pouvoir de la pièce originale pour éviter de contrarier l’empereur des Romains Joseph II.

Bien que le Mariage soit la deuxième pièce de la trilogie du Roman de la famille Almaviva, Mozart et Da Ponte ont choisi d’adapter cette œuvre pour leur toute première collaboration. La pièce précédente du cycle, Le Barbier de Séville, avait déjà été adaptée pour l’opéra en 1782 par le compositeur italien Giovanni Paisiello. Ce prélude est aujourd’hui moins connu que l’œuvre de Mozart, mais a tout de même été, à son époque, l’un des premiers opéras comiques à connaître un succès mondial. L’air « Saper bramate » du Barbier de Séville a notamment été immortalisé dans le film Barry Lyndon de Stanley Kubrick.

La « Trilogie Da Ponte »

Il est très rare d’entendre parler de cet opéra bouffe sans aucune mention du librettiste Lorenzo Da Ponte. Poète officiel de Joseph II, il est l’auteur de nombreux livrets d’opéra, dont trois des plus célèbres de Mozart. On donnera le nom de « trilogie Da Ponte » au corpus de pièces comportant Les Noces, Don Giovanni et Cosi Fan Tutte. Par la qualité de leur livret et des numéros musicaux, ces trois œuvres sont considérées parmi les plus importantes du répertoire de l’opéra bouffe italien.

Les Noces sont considérées comme une œuvre majeure et innovatrice autant aux yeux des compositeurs qu’à ceux des spécialistes de l’opéra classique. Selon l’analyste Charles Rosen, la force de l’écriture de cet opus se retrouve dans ses numéros d’ensemble. Plutôt que de miser sur des récitatifs, où un chanteur monologue sur son état psychologique, la pièce donne aux chœurs, aux duos et aux trios le rôle d’annoncer les rebondissements et de faire avancer l’action.

Ce procédé explique en partie ce qui fait des Noces de Figaro une œuvre unique riche en rebondissements et une expérience inoubliable pour les spectateurs. Il n’est donc pas étonnant que la pièce ait autant séduit les auditoires depuis des siècles et cela explique pourquoi elle renouvellera sans doute ses vœux avec celui de l’UdeM d’ici la fin du mois.