Doit-on interdire les liaisons entre professeurs et étudiants?

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Par Pascaline David
lundi 9 mai 2016
Doit-on interdire les liaisons entre professeurs et étudiants?
L’Université de Colombie-Britannique pense à interdire les liaisons amoureuses entre professeurs et étudiants. Photo: Flickr/Evi Maquoi.
L’Université de Colombie-Britannique pense à interdire les liaisons amoureuses entre professeurs et étudiants. Photo: Flickr/Evi Maquoi.
L’Université de Colombie-Britannique pense à interdire les liaisons amoureuses entre professeurs et étudiants après plusieurs cas de harcèlement sexuel sur son campus. Est-ce la bonne solution ? Quartier Libre a posé la question à deux professeurs de l’UdeM.

Après l’Université d’Harvard, qui a interdit les relations intimes entre professeurs et étudiants de premier cycle l’année passée, le directeur de l’UCB réfléchit à la possibilité de suivre la même voie. En 2015, de nombreux professeurs de Cégep et d’universités, dont plusieurs de l’UdeM, ont signé une lettre ouverte publiée dans Le Devoir. Ils demandaient la prohibition des rapports intimes entre professeurs et étudiants, lorsqu’ils sont inscrits dans le même établissement.

« C’est une situation asymétrique dans laquelle le professeur a un pouvoir de séduction d’abord, puis de sanction, que l’étudiant n’a pas », explique le professeur au Département de psychologie de l’UdeM et signataire de la lettre Dominique Scarfone. Ce déséquilibre lié au rapport d’autorité et le brouillage des repères des étudiants posent problème, selon lui.

D’après la professeure au Département de littérature des langues françaises Marie-Pascale Huglo, qui a également signé la lettre, de telles relations contreviennent à une bonne distance pédagogique. « Cela empêche les rapports de confiance, pourvus de sens critique entre professeur et étudiant, indique-t-elle. Sans parler des décisions inéquitables et des abus de pouvoir qui s’y rattachent. »

Pourtant, l’interdiction ne semble pas être la meilleure approche pour Mme Huglo, qui considère que cela revient à fermer les yeux sur ce type de relations. « L’interdiction pure et simple n’est pas souhaitable, car elle est infantilisante et intrusive », indique-t-elle. Elle préconise davantage l’encadrement, à travers un code déontologique clair et accessible établi par un comité universitaire qui permettrait de sensibiliser la population universitaire et de briser le silence.