De chercheur à entrepreneur

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Par Thomas Martin
mardi 7 mai 2019
De chercheur à entrepreneur
La première cohorte du QcSE a été lancée en février dernier. (Crédit photo : flickr.com)
La première cohorte du QcSE a été lancée en février dernier. (Crédit photo : flickr.com)
Le gouvernement provincial a publié son Programme panquébécois en entrepreneuriat scientifique (QcSE). Parmi les objectifs annoncés, celui de faire passer à 10 % le nombre d’étudiants au doctorat ou postdoctorat au statut d’entrepreneur. Le maître d’enseignement à HEC Claude Ananou analyse cette annonce.

« Il y a un fort potentiel [chez les étudiants québécois], estime M. Ananou. La première étape, c’est de leur faire comprendre ce qu’est l’entrepreneuriat, de déclencher une réflexion sur le sujet. » Pour lui, les choses ne vont pas s’améliorer d’elles-mêmes et il est important d’initier les gens pour leur donner envie de se lancer dans le domaine qui les intéresse.

Pour M. Ananou, il est important que les chercheurs comprennent ce que l’entrepreneuriat peut leur apporter, ainsi qu’à la société, et pour cela, il faut travailler en amont, ce que propose le programme. « Par contre, se fixer 10 % [d’étudiants entrepreneurs], ça ne veut rien dire, précise-t-il. Allons arroser toutes ces graines-là et puis on verra celles qui poussent. » Ensuite, cela deviendra une question de dynamique, selon le maître d’enseignement, qui estime que plus il y aura de doctorats entrepreneurs, plus on les utilisera comme modèle.

Le gouvernement québécois a mis en place un partenariat avec le centre entrepreneurial District 3 de l’Université Concordia, ce qui permettra à terme de former trois cohortes de 35 à 50 chercheurs par année, sans distinction de programme. « Peu importe la formation ou le métier qu’on fera plus tard, on peut le voir avec un esprit entrepreneurial ou au minimum intrapreneur, indique M. Ananou. C’est-à-dire que, même si on est au sein d’une grande entreprise, on garde cet esprit d’innover ou d’amener quelque chose d’entrepreneurial dans l’entreprise. »

Il y aurait un retard au Québec en termes d’esprit d’entrepreneuriat, selon M. Ananou. « Historiquement, les Québécois sont des gens avec un esprit plutôt inventeur, avance-t-il. Par contre, et c’est mon analyse personnelle, ils ont une sensibilité à la perte importante. Ils regardent plus ce qu’ils vont perdre que ce qu’ils vont gagner. »

Pour le maître d’enseignement, il reste du chemin à faire au niveau universitaire, où cette envie d’entreprendre est encore peu présente.