Des examens sous télésurveillance

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Par Esther Thommeret
lundi 19 octobre 2020
Des examens sous télésurveillance
Le logiciel ProctorExam est critiqué pour son caractère intrusif et pour le stockage des données qu'il enregistre. Crédit : pxhere
Le logiciel ProctorExam est critiqué pour son caractère intrusif et pour le stockage des données qu'il enregistre. Crédit : pxhere

À l’UdeM, des professeurs ont recours à la télésurveillance lors des évaluations. Ils utilisent les logiciels Zoom et, dans de rares cas, ProctorExam, pour limiter les éventuels cas de triche. La FAÉCUM s’oppose à ce type de surveillance « imposée », qui accentuerait l’anxiété des étudiants en période d’examens.

Certains examens seront surveillés grâce au logiciel ProctorExam. « La caméra enregistre ce que fait l’étudiant à l’écran et ce qu’il tape sur son clavier pendant toute la période de l’examen, explique la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara. Ensuite, les images sont stockées de façon sécurisée. »

D’après l’UdeM, ce logiciel sera utilisé pour des matières spécifiques et concernera une dizaine de cours seulement. « On limite son utilisation pour des examens bien précis, où aucune autre solution n’est possible, précise-t-elle. Par exemple, en médecine dentaire, les étudiants doivent connaître tous les noms de tous les os de la mâchoire, il n’y a pas des milliers de façons de vérifier qu’ils connaissent ça. » Dans d’autres cas, les étudiants seront surveillés par l’intermédiaire de la plateforme Zoom, sans enregistrement des images.

La FAÉCUM s’oppose à ce type de surveillance, notamment celle du logiciel ProctorExam.

Une surveillance « imposée »

« Ce à quoi on s’oppose, c’est l’imposition de la télésurveillance, déclare la secrétaire générale de la FAÉCUM, Sandrine Desforges. Par le passé, il y a eu des situations où l’enseignant l’a imposée, et les étudiants n’avaient pas d’autre choix que d’y participer. Sinon, ils ne pouvaient tout simplement pas compléter leur examen et devaient abandonner le cours. »

La FAÉCUM souhaite que les professeurs trouvent d’autres modalités d’évaluation et qu’ils n’utilisent ce type de surveillance qu’en dernier recours. « Les étudiants devraient toujours pouvoir refuser et avoir accès à une alternative, par exemple, avoir la possibilité de faire l’évaluation en présentiel »,ajoute-t-elle.

Un niveau de stress plus élevé

Sandrine affirme que les étudiants qui ont expérimenté la télésurveillance ont vu leur niveau de stress augmenter, notamment en raison du caractère intrusif de cette pratique. D’après elle, les étudiants devraient être informés au préalable et le plan de cours devrait mentionner cette méthode de surveillance, ce qui, selon elle, n’est pas le cas actuellement.

« On est conscient que ce genre de télésurveillance peut augmenter le niveau de stress et d’anxiété chez les étudiants, affirme Mme O’Meara. Pour contrer ça, le professeur leur donne une séance d’information avant l’examen, dans laquelle il explique bien à quoi ils doivent s’attendre et pourquoi on utilise cette méthode. » L’Université rappelle que si un étudiant ne possède pas d’ordinateur, il peut en emprunter un au service de prêt des bibliothèques. « Sinon, il y a aussi de l’aide financière disponible pour pouvoir s’en procurer un », ajoute la porte-parole de l’UdeM.

Assurer l’intégrité

L’UdeM se base sur trois principes encadrant l’utilisation de la télésurveillance : l’intégrité, la validité et le traitement équitable. « On a demandé un avis juridique avant de mettre la télésurveillance en place, précise la porte-parole de l’UdeM. L’Université a une responsabilité, il faut offrir des évaluations qui respectent ces trois principes pour que ça soit légitime de l’utiliser. » L’Université incite cependant les professeurs à utiliser d’autres options, dans la mesure du possible, pour évaluer leurs étudiants.

Des données stockées

Le logiciel ProctorExam, pour sa part ,stocke les images pendant un an. « L’une des raisons pour lesquelles on utilise ce logiciel, c’est parce que les données ne sont pas stockées aux États-Unis, détaille Mme O’Meara. C’est important, parce que les règles de protection des informations personnelles et confidentielles sont différentes là-bas, et puis ce n’est pas ce que l’Université souhaite. » De plus, l’UdeM mentionne que les vidéos enregistrées ne sont visionnées qu’en cas de doute de tricherie.

De son côté, la FAÉCUM attend de savoir quels examens seront télésurveillés avec le logiciel avant de proposer à l’Université une possible évaluation en présentiel.