À quand une réforme ?

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Par Eric Deguire
mardi 22 février 2011
À quand une réforme ?

La Chine compte aujourd’hui plus de 400 millions d’internautes. Ces surfeurs sont surveillés par un gouvernement qui emploie plus de 40 000 « cyberpoliciers ». La lutte du gouvernement chinois pour faire taire les oppositions ne fait que commencer, et les techniques du régime se raffinent.

Historiquement, un site Internet qui déplaît au gouvernement chinois est bloqué sur le territoire de l’empire du Milieu. C’est le cas de plusieurs médias occidentaux ou de réseaux sociaux, notamment The New York Times, Facebook et YouTube. Une nouvelle stratégie fait toutefois son apparition. « Il est connu que la Chine et d’autres pays bloquent du contenu en particulier sur un site, sans bloquer le site luimême », explique Jillian C. York du groupe OpenNet Initiative, qui étudie la censure sur Internet. Le gouvernement peut bloquer un compte Twitter ou un article de la BBC sans complètement fermer l’accès à ces sites.

«Cette manoeuvre devrait enrager d’autant plus les gens, affirme Jillian C. York. Quand la BBC est bloquée dans sa totalité, les gens sont conscients de l’interdiction, mais, quand une page individuelle est bloquée, l’information est filtrée et cachée.»

Les sites Internet et les pages Web sont bloqués par un filtre qui repère des mots-clés. Le gouvernement chinois détient aussi le contrôle des noms de domaine en usage dans le pays.

Dans le cadre d’une implantation stratégique de la censure, le gouvernement chinois a aussi créé des solutions de rechange chinoises aux sites occidentaux comme YouTube et Twitter. «Les gens peuvent vivre au quotidien en utilisant les réseaux sociaux. Cela a l’effet de rendre les gens moins vigilants envers la censure », souligne Mme C. York.

Les motivations du gouvernement chinois

Selon Zhiming Chen, professeur de science politique à l’UdeM, la pratique de la censure Internet par le gouvernement chinois est due à une recherche de stabilité. « Le but de la pratique de la censure sur Internet est de ne pas permettre une liaison horizontale entre les mouvements sociaux locaux en Chine, dit M. Chen. Le gouvernement veut s’assurer que les protestations restent isolées pour éviter un mouvement national comme en Égypte », explique-t-il.
Le gouvernement chinois enregistre des victoires. Le pays domine actuellement les acteurs qui ont fait pression sur lui dans le passé. Google, qui a claqué la porte de la Chine l’année passée pour des raisons de censure, est en train de réintégrer le marché du pays. Zhiming Chen explique que, malgré la prépondérance de Google en Occident, le plus grand moteur de recherche en Chine demeure Baidu, qui représente 30 % de la part de marché d’Internet en Chine.
Pour le politologue de l’UdeM, la censure de l’Internet sera une réalité pour encore plusieurs années, mais le jour où le gouvernement ne pourra plus assurer le niveau actuel de croissance économique et de stabilité, l’idée de réformes politiques va resurgir.