C’est une bonne question !

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Par Fatoumata Barry
mercredi 28 janvier 2015
C’est une bonne question !
Se donner le défi de poser au moins une question dans chaque cours permettrait de vaincre progressivement sa crainte de prendre la parole en classe.
Se donner le défi de poser au moins une question dans chaque cours permettrait de vaincre progressivement sa crainte de prendre la parole en classe.
Avoir le courage de lever la main devant une classe de plus de 400 élèves n’est pas donné à tous les étudiants. Pourtant, avec le trimestre qui s’amorce, plusieurs interrogations peuvent se succéder à propos de la nouvelle matière à assimiler. Selon les experts, il est toutefois possible pour les personnes qui ont peur d’intervenir en classe de surmonter cette phobie.

« J’ai souvent beaucoup de choses à dire dans mes cours, mais j’hésite à prendre la parole parce que j’ai peur que les gens trouvent ma question impertinente, explique l’étudiante en économie et politique Aminata Jawara. Je préfère écrire au professeur, au moins, si la question est bête, c’est juste lui qui me trouvera bête et non les 400 autres élèves. »

S’exprimer en public demeure une source d’anxiété chez de nombreux individus. « La peur d’être humilié devant un groupe n’est pas une peur inhabituelle, explique le professeur agrégé au département de psychologie Serge Lecours. Malgré tout, il faut éviter de se laisser dominer par celle-ci et se dire qu’il n’y a pas de mauvaise question. »

L’étudiante en science politique Chloé Chartouni estime pour sa part que les salles de cours sont généralement des environnements favorables pour prendre la parole, sauf lorsqu’il est question de prendre position.« J’ai parfois une certaine nervosité sur la façon dont mon commentaire pourrait être reçu, estime l’étudiante . Si je trouve qu’on aborde un sujet délicat et que mon point de vue est minoritaire, je préfère ne rien dire. »

Selon M. Lecours, il existe quelques trucs pour vaincre cette phobie.« Il faut se créer un jeu mental, c’est-à-dire imaginer son auditoire en position de vulnérabilité, indique-t-il. L’exemple le plus classique est d’imaginer ses collègues tout nus. »

Être clair

La préparation peut constituer une bonne façon d’organiser sa pensée pour être mieux compris, mais aussi pour faire diminuer le stress. « L’étudiant peut écrire quelques bribes sur un papier et se référer à ce guide pour poser ses questions, suggère le professeur au Département de psychologie Luc Brunet. Cela servira de cadre de référence rassurant. »

Grâce à cette préparation, l’étudiant s’assure que l’anxiété ressentie sur le coup ne le déstabilise pas à un tel point que cela l’empêche d’obtenir des réponses adéquates à ses interrogations. « Je prépare souvent mes questions lorsque je prends rendez-vous avec le professeur, affirme l’étudiante en science politique Olivia Mabote. Je m’assure d’avoir des phrases cohérentes et d’employer les termes les plus précis possible pour ne pas avoir une réponse trop vague. »

Selon Luc Brunet, le fait de privilégier les questions ouvertes auxquelles l’interlocuteur ne peut pas répondre par « oui » ou par « non » peut aider à obtenir une réponse plus complète. « Il faut s’exprimer en des termes clairs et si possible avec des faits observables et vérifiables, explique Luc Brunet. On peut s’assurer que l’interlocuteur a bien compris tout simplement en lui demandant ce qu’il en pense. »

Créer une connexion

Certains étudiants préfèrent néanmoins la communication par courriel, qui offre un temps de préparation optimal. Toutefois, cette méthode comporte aussi ses limites, selon le responsable des certificats en journalisme et en rédaction à la Faculté d’éducation permanente, Robert Maltais.« En tant que journaliste, je préfère toujours parler directement à mes intervenants, raconte-t-il. Les réponses sont souvent différentes, puisqu’il est possible d’établir une connexion avec son intervenant. »

Pour l’étudiant au baccalauréat en économie et politique Simon Chouinard-Laliberté, cette proximité permet plus facilement de répondre à ses interrogations . « Je pose plus souvent mes questions aux gens à côté de moi ou dans le cadre des travaux pratiques parce que le professeur a plus de temps pour y répondre », juge-t-il.

Les plus courageux qui osent formuler leur questionnement devant la classe peuvent parfois donner un coup de main à leurs camarades. « La matière vue en classe est la même que lors des examens, il n’y a pas de surprise, explique le chargé de cours à la Faculté de l’éducation permanente Yves Boisvert. Lorsqu’on me pose des questions, les réponses apportées durant le cours sont souvent celles retrouvées à l’examen. » Les questions posées permettent alors au professeur de mieux synthétiser et de clarifier certains éléments, ce qui bénéficie à l’ensemble de la classe.

28janv2015