En collaboration avec Charles-Antoine Gosselin
En plus de participer au débat pour la chefferie du Parti québécois par vidéoconférence, le candidat Pierre-Karl Péladeau a aussi choisi l’UdeM en novembre dernier pour annoncer qu’il briguerait ce poste. « Il allait chercher son formulaire de candidature la journée même, affirmele responsable de l’animation politique au MÉSUM et étudiant en science politique, Lou-Joris Lavoie-Rondeau. Est-ce que c’était prévu stratégiquement ? Il a fait d’une pierre deux coups. J’imagine que ça légitimise sa candidature auprès des étudiants. »
Difficile de dire si l’UdeM est devenue un lieu de convoitise pour le Parti québécois, mais certaines organisations du campus semblent y travailler.« Les conférences sont organisées par les groupes étudiants, explique Lou-Joris.Je ne sais pas si les personnalités souverainistes viendraient si on ne les invitait pas. Symboliquement, les leaders souverainistes s’intéressent à cette tranche de la population, les étudiants. »
Pour le chargé de cours au Département de science politique de l’UdeM Michel Sarra-Bournet, il n’y a rien de nouveau dans la stratégie du Parti québécois. La formation profite d’une culture politique plus favorable qu’à l’UQAM. « Malgré le fort roulement de leurs effectifs, les associations étudiantes de l’UQAM ont toujours été plus à gauche que celles de l’UdeM, et les étudiants souverainistes plus actifs sur le campus de la montagne » , explique ce dernier.
Des organisations actives
L’Association libérale de l’UdeM perçoit une différence de culture d’affirmation entre les étudiants souverainistes et fédéralistes. « Il est vrai qu’en général, on remarque que les souverainistes s’affichent plus que les fédéralistes, constate le président de l’Association libérale de l’UdeM, Marc Duperron. Cependant, je ne sais pas pourquoi c’est le cas et cela reste un mystère pour moi. » L’Association tient un kiosque par session afin d’informer la communauté sur ses activités.
Même perception du côté du MÉSUM, qui tiendra au total une douzaine de kiosques d’informations en 2014-2015 sur le campus.« En général, les indépendantistes s’affirment plus que les fédéralistes, confie Lou-Joris . Personnellement, je m’affiche fièrement en tant qu’indépendantiste. »
Selon Marc Duperron, les jeunes n’adhérent plus en masse à la cause nationaliste. « Le débat sur l’avenir du Québec est dépassé, affirme-t-il. Les résultats électoraux d’avril 2014 montrent clairement un rejet de l’indépendantisme. »
En tout, cinq groupes d’intérêt politique sont recensés à l’UdeM. Trois d’entre eux sont fédéralistes. Les groupes souverainistes bénéficient de 791 d’abonnés en comparaison à 584 pour les fédéralistes sur les réseaux sociaux.* « Actuellement [ndlr : à l’Association libérale de l’UdeM], nous sommes en période de transition avec la nouvelle présidence alors notre visibilité est un peu basse cette année, mais nous avons l’intention de l’augmenter l’année prochaine », explique le président de l’Association libérale de l’UdeM.
Ce qu’en dit l’offre de cours
Les groupes d’intérêts au sein d’une université travaillent à faire connaître leur cause auprès des étudiants, mais qu’en est-il de la neutralité de l’institution ? « Je ne crois pas que les institutions [d’enseignements supérieurs] aient des opinions politiques, explique le politologue Michel Sarra-Bournet. Elles s’accommodent du régime en place et s’y adaptent tant bien que mal. »
Les cours d’histoire du Québec ne sont pas obligatoires au baccalauréat en histoire de l’UdeM. À l’opposé, les étudiants à ce baccalauréat doivent prendre au moins un cours d’introduction à l’Histoire du Canada. Aussi, il n’y a pas de cours axé sur le nationalisme, l’indépendantisme ou le fédéralisme québécois à l’UdeM. « Un cours spécifiquement sur le Québec est difficilement concevable, soutient le chargé de cours au Département d’histoire Jacques Rouillard. Il faut qu’il soit plus large comme sur le fédéralisme dans le monde, et il faut pouvoir aborder la situation des pays fédérés face à la montée de l’idée d’indépendance comme au Québec, en Catalogne ou en Écosse. »
La quinzaine d’années entre les débats référendaires aurait marqué un tournant chez les étudiants du programme d’histoire selon Jacques Rouillard.« Il y a un désintérêt pour l’histoire nationale chez les étudiants du département depuis les années 1990, constate le chargé de cours. Les étudiants préfèrent suivre des cours sur d’autres aires. »
Certains étudiants sont d’accords avec l’idée d’un cours d’histoire du Québec obligatoire, mais ils estiment que d’autres matières seraient aussi intéressantes. « La question nationale ne figure pas comme une priorité chez la plupart des gens de ma génération, et ce, pour des raisons diverses, croit l’étudiante en histoire à l’UdeM Héloïse Rondeau-Geoffrion. Au même titre, on pourrait demander d’avoir un cours obligatoire sur l’histoire des femmes, afin de permettre aux gens de notre génération de s’approprier le combat pour l’égalité des sexes. »
La semaine de la souveraineté se terminera le 29 janvier par une conférence du chef bloquiste Mario Beaulieu.
* Le 27 janvier, les pages Facebook comptaient respectivement :
Association libérale de l’UdeM = 228
Association des jeunes libéraux de l’UdeM = 225
NDP UdeM = 131
Association des jeunes péquistes de l’UdeM = 416 Mouvement des étudiants souverainistes de l’UdeM = 375
Les comptes et les groupes n’ont pas été
pris en compte dans le calcul
Mis à jour à 18h03 – 28 janvier 2015