Une bibliothèque discrète

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Par Elsa Fortant
lundi 11 avril 2016
Une bibliothèque discrète
Des documents de l’exposition D’or et d’azur de la BLRCS, relatant les débuts du codex manuscrit et le passage de l’écriture manuscrite à l’imprimé, présentée jusqu’au printemps 2016.
Des documents de l’exposition D’or et d’azur de la BLRCS, relatant les débuts du codex manuscrit et le passage de l’écriture manuscrite à l’imprimé, présentée jusqu’au printemps 2016.
Devenu une bibliothèque à part entière en 2008, le Service des collections spéciales de l’UdeM est responsable d’une collection patrimoniale construite sur plus d’un siècle d’Histoire et composée de plus de 100 000 documents. Or, le budget pour de nouvelles acquisitions à sa collection ne fait que diminuer d’année en année.

Le budget institutionnel pour les acquisitions à la Bibliothèque des livres rares et collections spéciales (BLRCS) – attribué par l’UdeM – pour l’année financière 2015-2016 est d’environ 30 000 $, contre 42 000 $ pour l’année financière précédente et 45 000 $ pour 2013-2014. « Concernant la baisse du budget des acquisitions de la BLRCS, il s’agit des effets cumulés de l’inflation des périodiques, de la chute du dollar canadien et d’une réduction budgétaire découlant des compressions gouvernementales », explique l’attaché de presse de l’UdeM Benjamin Augereau.

De son côté, le secrétaire général de la FAÉCUM, Nicolas Lavallée, ne tire pas les mêmes conclusions. « Je vois mal comment on peut attribuer cela au taux de change puisque, sur trois ans, le dollar canadien n’a pas baissé, à part depuis les huit derniers mois, commente-t-il. La baisse correspond au moment où on a commencé à avoir les coupes budgétaires du gouvernement provincial en enseignement supérieur. » La Fédération rappelle que cela ne se limite pas à la BLRCS. « D’une manière plus générale, nous nous sommes rendu compte que le budget global d’achat de livres a été coupé de 53 %, soit 900 000 dollars cette année par rapport à la précédente », ajoute Nicolas Lavallée. Un climat financier qui amène à reconsidérer les dépenses, notamment à la BLRCS.

Le fonctionnement malgré les coupes

« Nous priorisons d’abord les demandes des professeurs qui veulent utiliser des documents dans le cadre d’ateliers ou les documents disponibles sur le marché qui pourraient enrichir nos collections, explique le chef de la BLRCS Danny Létourneau. Les documents anciens peuvent être très chers. La générosité des donateurs entre en jeu dans le développement de nos collections. » Ces donations privées prennent la forme de biens, mais jamais d’argent. Ce sont ces mêmes dons qui, par leur importance, ont permis au Service des collections spéciales de créer une collection remarquable et d’être élevé au rang de bibliothèque en 2008.

« L’origine de la bibliothèque remonte à 1971 lorsque le premier directeur de la Direction des bibliothèques, Daniel Reicher, a mis en place le Service des collections particulières, raconte M. Létourneau. C’est ensuite devenu le Service des collections spéciales en 1984, et une bibliothèque en 2008. » Cette structure gardienne de l’Histoire a pour mission principale de rendre accessibles les documents rares ou anciens à l’ensemble de la communauté universitaire. « Par ailleurs, nous encourageons la recherche sur nos collections en sensibilisant la communauté universitaire à ses richesses », ajoute-t-il. Il s’agit de diffuser le contenu de ses collections par différents projets locaux ou collaboratifs, comme avec la Division de la gestion des documents et des archives de l’UdeM, pour mettre en valeur des collections sur Internet. Des collaborations avec des professeurs sont aussi mises sur pied pour développer de nouveaux ateliers bénéficiant des collections de la BLRCS.

Fréquentation

« Nous n’avons pas d’objectif de fréquentation précis, précise M. Létourneau. Pour l’année 2014-2015, nous avons reçu 2 176 usagers à la BLRCS, et 1 962 en 2013-2014. » Les statistiques pour 2015-2016 ne sont néanmoins pas encore disponibles. La bibliothèque souhaite attirer chercheurs et étudiants ayant besoin des collections pour leur cours ou projet de recherche. « Nous cherchons à collaborer avec des professeurs qui veulent s’impliquer dans la mise en valeur de nos collections à des fins d’enseignement ou de recherche », indique-t-il. Concrètement, cela peut prendre la forme d’une exposition à laquelle les étudiants peuvent participer ou dont le contenu est un objet d’étude dans le cadre de leur cours.

Lors de l’exposition La Grande Guerre s’affiche, organisée en 2014-2015 en collaboration avec le professeur agrégé au Département d’histoire de l’UdeM Carl Bouchard, le nombre de demandes d’enseignants souhaitant utiliser le contenu de cette exposition pour des ateliers a augmenté. « Nous estimons que plus de 550 personnes ont visité celle sur les affiches de guerre », conclut le chef de la BLRCS. La prochaine exposition, prévue pour l’automne 2016, sera élaborée avec des stagiaires de l’École du Louvre.