Le réfrigérateur : claustrophobes s’abstenir

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Par Louis-Philip Pontbriand
mardi 29 octobre 2019
Le réfrigérateur : claustrophobes s’abstenir
L'interprète Juliette Ouimet incarne l'un des deux personnages du Réfrigérateur... ou l'un des trois, si on inclut aussi l'électroménager éponyme. Photo : Wandering Clown
L'interprète Juliette Ouimet incarne l'un des deux personnages du Réfrigérateur... ou l'un des trois, si on inclut aussi l'électroménager éponyme. Photo : Wandering Clown
Le Ciné-campus présente ce mardi ainsi que mercredi un court métrage, résultat de plusieurs rencontres fortuites s’étant produites à l’UdeM, réalisé par le diplômé en cinéma Mathieu Gauvin. Inspiré du cinéma d’épouvante et des maisons hantées, Le réfrigérateur sera projeté en première partie du film d’horreur Midsommar, du réalisateur Ari Aster.

Mathieu Gauvin, ancien photographe de Quartier Libre, raconte qu’une assignation pour le journal, en 2016, lui a ouvert les portes d’une collaboration avec l’auteure Cynthia Massé, qui venait de remporter le Prix du récit de Radio-Canada pour sa nouvelle Le réfrigérateur. C’est durant une séance photo dans l’appartement de l’auteure qu’est né le projet d’adaptation cinématographique.

« C’est une adaptation du texte de Cynthia, mais c’est mon film, affirme Mathieu. On a détruit la structure du récit pour le rebâtir de manière non linéaire. » Le réalisateur explique que si l’histoire originale est racontée du point de vue d’un personnage caché dans un réfrigérateur afin de surprendre son amie, le film, quant à lui, est tourné du point de vue de cette dernière.

Mathieu précise qu’il a ajouté un élément clé à son film, une séquence de rêve inspirée des films d’horreur. « Elle n’était pas du tout dans le récit de Cynthia, développe-t-il. Je l’ai scindée en trois parties, ce qui a permis des raccords de mouvements entre le jour et la nuit, qui n’auraient pas été possibles autrement. » À l’inverse, de tels indices temporels sont presque totalement absents de Midsommar, dont la grande majorité des scènes en Scandinavie se déroulent durant l’été polaire, et donc, à la clarté perpétuelle.

Payer de sa poche pour lancer sa carrière

Le réalisateur a autofinancé une grande partie du budget de son film, avec l’aide du producteur François Ricard-Sheard, un diplômé en scénarisation de l’UdeM. « On a chacun investi environ la moitié du budget du projet, qui se situait entre 5 000 et 6 000 $, explique Mathieu. Une campagne de sociofinancement nous a aussi permis d’amasser les 2 000 $ supplémentaires, nécessaires pour la postproduction. » Si Mathieu ne compte pas récupérer cet investissement de sitôt, il croit néanmoins qu’il s’agit là du prix à payer pour lancer sa carrière. « Pour moi, c’est un investissement professionnel, précise-t-il. C’est ma carte d’entrée dans le métier. J’ai déjà un projet de réalisation prévu pour cet été, pour lequel je serai payé. »

Mathieu a contacté l’an dernier la coordonnatrice à l’époque du Ciné-campus, Amélie Michaud, afin d’emprunter une affiche du film Nelly pour le tournage de son film. « Elle m’a répondu qu’elle me la prêterait à condition que je présente mon film au Ciné-campus, raconte-t-il. Ce projet est l’aboutissement de plusieurs relations que j’ai eues à l’UdeM. Qu’il soit projeté ici pour la première fois, c’est comme une boucle qui se referme. »

La concordance des tons

Le successeur de Mme Michaud, Kenny Lafrenière, détaille que ce genre de projet indépendant cadre bien avec la mission du Ciné-campus. « Même si Le réfrigérateur n’est pas nécessairement un film étudiant, le Ciné-campus et l’UdeM font partie du parcours de Mathieu », ajoute-t-il.

Le coordonnateur a donc souhaité présenter ce film dans les meilleures conditions possibles, lui permettant aussi d’être découvert par un nouveau public. « Le film est très bien construit, réfléchi et abouti, souligne-t-il. Je pense vraiment que le ton du Réfrigérateur fonctionne avec Midsommar et que les spectateurs seront réceptifs à ce genre de proposition. »

Le réfrigérateur et Midsommar sont présentés les 29 et 30 octobre au Ciné-campus, dans le Centre d’essai de l’UdeM. La programmation se poursuit les 5 et 6 novembre avec Yesterday, une comédie fantaisiste du réalisateur anglais Danny Boyle.

 

L’auteure Cynthia Massé, au moment de sa rencontre avec le photographe-cinéaste qui va éventuellement porter son récit au grand écran. Photo : Mathieu Gauvin

L’auteure Cynthia Massé, au moment de sa toute première rencontre avec le photographe-cinéaste qui allait éventuellement porter son récit au grand écran. Photo : Mathieu Gauvin