L’art et le jeu

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Par Romeo Mocafico
lundi 1 octobre 2018
L’art et le jeu
Ce sont principalement les étudiants du laboratoire de Nicolas Bernier qui se sont chargés de la création de la pièce musicale. (Crédit photo : Nicolas Bernier)
Ce sont principalement les étudiants du laboratoire de Nicolas Bernier qui se sont chargés de la création de la pièce musicale. (Crédit photo : Nicolas Bernier)
Le professeur à la Faculté de musique de l’UdeM Nicolas Bernier a présenté avec ses élèves l'atelier OSCILLATIONS - Art et science du son, dans le cadre du festival KidZlab. Cette installation a pour mission de présenter l’art visuel et interactif aux plus jeunes spectateurs et de leur donner les moyens de s’approprier les possibilités du numérique.

Du 25 au 30 septembre, la deuxième édition du festival d’art numérique KidZlab s’est lancé le défi d’offrir des ateliers d’expérimentation aux jeunes de 6 à 16 ans à travers le thème «Son et mouvement».

«Il s’agissait, d’une part, de créer une courte pièce, spécialement pour qu’elle soit interprétée par un jeune public, et d’autre part, d’en profiter pour les initier de façon ludique aux bases scientifiques des phénomènes sonores», expose M. Bernier. Son installation, développée avec les étudiants de son laboratoire, va à contre-courant de tout ce qui se fait aujourd’hui, d’après lui.

Couleurs primaires

«Au lieu des options infinies que permettent les outils numériques, les possibilités sont ici restreintes aux paramètres les plus basiques du son, soit la fréquence et l’amplitude», explique-t-il. Il ajoute que la simplicité d’utilisation donne un accès immédiat, facile et ludique à la création musicale électronique dans son ensemble, elle qui se pratique la plupart du temps en solo avec un ordinateur.

«C’est ainsi que nous avons pensé qu’il serait possible, même pour des jeunes ou des gens sans expérience musicale, de se prêter au jeu de l’interprétation de nos partitions, qui reposent sur des symboles graphiques plutôt que sur une notation musicale conventionnelle», précise le professeur. Outre les instruments d’expériences scientifiques, qui démontrent de manière très sensible le fonctionnement du son, M. Bernier précise avoir misé sur l’interprétation de la couleur plutôt que sur la fréquence dans la pièce sonore.

«Nos oscillateurs ont été modifiés afin que les jeunes puissent suivre les indications de couleur de la partition, note-t-il. En analogie avec le fonctionnement du spectre lumineux, les fréquences graves seront rouges et les fréquences aiguës seront violettes.» Ainsi, pendant l’interprétation musicale, la couleur de la salle change en fonction des couleurs que le public joue.

M. Bernier raconte que les jeunes ont une ouverture d’esprit et une audace qui ne sont pas toujours données aux adultes. «Par rapport à un public averti, ils ont souvent moins peur du jugement, du moins avant l’adolescence, alors ils essayent des choses sans trop réfléchir.» Pour lui, si un jeune s’ennuie ou s’il prend du plaisir, il le dira immédiatement. C’est un public tout particulier, d’après le professeur, qui entretient une relation tout aussi particulière avec le numérique.

Jeu dangereux

Il révèle avoir pensé son projet comme une sorte de jeu, mais tient à mettre en garde contre cette analogie. «Il s’avère que le numérique a facilité les approches interactives et immersives dans les arts, note-t-il. Mais cela peut être une arme à double tranchant : en présentant l’art comme un jeu, il peut devenir difficile de faire la distinction entre les deux.» L’important reste pour lui que l’art soit présent et accessible. Il préconise enfin que le contact avec les formes artistiques se fasse dès l’enfance et dans différents contextes, comme en ateliers, au musée, et même en salle de classe.