Vol au-dessus d’un nid de couscous

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Par Victor Klein
mercredi 24 novembre 2010
Vol au-dessus d'un nid de couscous

«Montréal est un couscous et le Couscous Comedy Show est Montréal.» Jadis étudiant à HEC Montréal, Farès Mekideche, alias Uncle Fofi, cherche à allier le business au spectacle. Avec un ami, il décide de vendre du couscous congelé aux étudiants de HEC qui n’en peuvent plus des sandwiches de la cafèt’. Puis, s’ennuyant de livrer dans toute la ville, il recentre le commerce chez lui: grimpés sur des congélateurs, des humoristes viennent faire rire les amateurs de semoule. Finalement, Uncle Fofi décide d’investir les bars: son concept occupe d’abord Les Bobards, ensuite Le Grillon, pour finalement entrer au Café Campus, le 22 novembre. Farès Mekideche nous accueille devant ses chaudrons où il prépare son célèbre couscous algérien et aiguise son humour avant la représentation de la soirée.

 

Quartier Libre : Aujourd’hui, votre spectacle est surtout centré sur l’humour. Vous voudriez l’orienter vers l’actualité. Voulez-vous créer un genre de talk-show ?

Uncle Fofi : Exactement, je veux vraiment faire du Couscous Comedy Show un concept d’émission télé. J’aimerais avoir un tour de table assez intéressant, des gens différents, des artistes et des journalistes qui représenteraient vraiment Montréal et le Québec. Je voudrais montrer non pas les étrangers, mais montrer que l’on se mélange. Les Québécois adorent qu’on soit ici. On est là pour vivre et créer tous ensemble. Je veux que le Couscous soit diffusé live sur le Web et par la suite, j’aimerais le proposer en tant que pilote à la télé de façon cutanée. Tiens, voilà un mot qui n’a rien à faire ici.

Q.L. : Est-ce que votre public mangera toujours du couscous ?

U.F. : J’ai des idées assez farfelues à ce niveau. Il y a plusieurs façons d’intégrer le concept de bouffe : un train ou un tapis roulant sur lequel des gens proposent les assiettes aux invités, un cuistot au milieu de la table… ou dans une fosse pour ne pas trop gêner les caméras ! On pourrait entendre des bruits de fourchettes, mais les gens auraient le droit de manger avec les mains. On doit sortir des sentiers battus, sans pour autant perdre les bonnes manières. Je veux surtout pousser mon concept de pouvoir se changer les idées.

Q.L. : Vous avez de nombreux projets. Pensez-vous qu’un tournant décisif s’annonce dans votre vie ?

U.F. : Oui. Cette année, on fait un grand pas en avant. Parallèlement, je prépare un talk-show tourné vers la musique qui s’appellera le Poutine Show. On va faire chanter Mao Zedong avec Sarkozy. Obama avec Staline. Staline avec Stallone. Tu connais Sylvester Staline, c’est la version communiste du célèbre requin !

Q.L. : Qu’est-ce qui vous inspire tous les jours ?

U.F. : Les ambiances : Austin Powers, Les Nuls. Inspecteur Tahar, aussi, qui est très connu en Algérie. Du bon burlesque. Quelque chose d’altruiste : on n’est pas là pour se moquer des gens, on est là pour se marrer. Puis, quand il y aura des trucs plus percutants à dire, on va les dire aussi.

Q.L. : D’où tirez-vous cette énergie, ce besoin de partage ?

U.F. : C’est mon éducation, je pense. Ma mère, qui a toujours cuisiné pour les gens qu’on connaissait, et mon oncle en Algérie. Mes oncles ! Qui sont très excentriques, fanfarons, qui n’ont jamais refusé une occasion de rigoler. Il faut rester fou sans avoir recours à des artifices, à des filles de joie ! J’espère ne pas perdre la bonne humeur avec les années. J’espère surtout que ça va être de plus en plus con. En résumé, on a un credo en Islam, qui est : «Merci à Dieu, quoi qu’il en soit ». Ça résume beaucoup mon travail et ma motivation. Il faut rappeler aux gens que ce n’est pas difficile de se faire plaisir. La base du bonheur implique d’être toujours conscient qu’on a de la chance, qu’on a une bedaine grandissante.