… arrêter

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Par Martin Ducasse-Gambier et Marine Gachet
lundi 3 février 2020
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Après un an d'arrêt du tabac, le risque de maladie cardiaque diminue. Crédits : Jacob Côté
Après un an d'arrêt du tabac, le risque de maladie cardiaque diminue. Crédits : Jacob Côté
La 43e Semaine pour un Québec sans tabac, organisée par le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), s’est terminée le 25 janvier. L’évènement, qui vise à sensibiliser la population sur les méfaits de la cigarette, était inexistant dans les universités montréalaises.
« Dans les prochaines semaines, nos infirmières vont suivre une formation en accompagnement à l’abandon tabagique. »
Nathalie Bordeleau, infirmière au Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM

La directrice générale du CQTS, Anne Papageorgiou, reconnaît que l’organisme ne possède pas d’outils particuliers pour les universités. « Je sais qu’il existe déjà beaucoup de politiques pour faire cesser de fumer les étudiants dans les centres postsecondaires et universitaires », déclare-t-elle, pour expliquer l’absence de la campagne sur les campus montréalais.

Le spécialiste en promotion de la santé à l’Université Concordia, Owen Moran, confirme que la campagne du CQTS est absente des services de santé de l’établissement scolaire. D’après lui, la clinique des services de santé de Concordia offre déjà de l’aide aux étudiants, employés et professeurs qui veulent arrêter de fumer. « Notre clinique propose un guide d’informations, disponible en salle d’attente et en ligne, ainsi qu’un suivi individuel et personnalisé », précise-t-il.

Les patients qui déclarent consommer du tabac dans le questionnaire d’admission à la clinique reçoivent des conseils de la part des médecins. « Nous faisons aussi de la sensibilisation auprès de notre communauté universitaire, avec des kiosques où les étudiants peuvent trouver des fascicules d’informations concernant l’arrêt du tabac », relate-t-il.

Selon M. Moran, Concordia se démarque des autres universités grâce à ces services. « Si vous consommez du tabac, c’est la chose que vous devez arrêter en priorité pour améliorer votre santé, insiste-t-il. Les universités devraient faire beaucoup de choses pour cela, mais elles ne s’investissent pas nécessairement autant qu’elles le pourraient. »

Arrêter de fumer à l’UdeM

La Semaine sans tabac du CQTS n’a pas été promue par les services de santé de l’UdeM. « On fait des actions sans être nécessairement de toutes les campagnes officielles, mais généralement, on essaye de coller le plus possible aux évènements organisés concernant l’abandon du tabac », explique l’infirmière du Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM, Nathalie Bordeleau. Elle ajoute que le centre participe davantage à des campagnes comme le Défi J’arrête, j’y gagne !, un évènement organisé pour les jeunes adultes par de jeunes adultes.

Cette campagne, menée par l’organisation Capsana et la Direction régionale de santé publique de Montréal de l’Agence de la santé publique du Canada, invite chaque année les fumeurs à cesser leur consommation de tabac pendant six semaines, pour maximiser leurs chances d’arrêter définitivement.

Il n’existe pas, à l’UdeM, de programme spécifique pour accompagner les étudiants ayant la volonté de mettre fin à leur consommation de tabac. « Des démarches ont été faites par le passé, comme des campagnes sur le campus, pour parler des saines habitudes de vie comportant un volet sur l’arrêt tabagique, des activités dans le cadre du Défi J’arrête, j’y gagne !, puis des consultations individuelles où on donnait de la documentation ou réorientait les patients vers des centres d’abandons du tabac », développe Mme Bordeleau. Elle souligne que le problème avec cette dernière méthode est que les étudiants internationaux ne bénéficient pas toujours de l’assurance maladie québécoise, et que l’arrêt tabagique devient pour eux un enjeu financier.

Selon un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec*, la province a dépensé 55 465 387 dollars en remboursement des aides pharmacologiques à l’arrêt tabagique entre 2000 et 2004, soit 181 dollars par patient.

Selon Mme Bordeleau, cette situation va prochainement changer. « Dans les prochaines semaines, nos infirmières vont suivre une formation en accompagnement à l’abandon tabagique, annonce-t-elle. Ce sera un service que notre personnel infirmier va pouvoir offrir à la clientèle de l’université. » Cet accompagnement, qui sera assuré par des infirmières ayant le droit de prescrire des médicaments, pourrait voir le jour très prochainement, d’après elle : « J’ai confiance qu’au courant de la session d’hiver ce sera accessible. »

Communiquer davantage

Afin d’éloigner les étudiants du tabac, M. Moran affirme que davantage de communication s’avérerait utile. « Nous devons marquer les esprits en mettant des messages préventifs sous les yeux des étudiants», déclare-t-il. Le spécialiste ajoute que les patients viennent surtout après avoir été redirigés par un médecin, et il estime que des campagnes publicitaires pourraient encourager plus de personnes à cesser de fumer. Selon lui, la production d’affiches et la location d’espaces publicitaires représentent néanmoins une dépense que la clinique des services de santé de Concordia ne peut assumer.

« Les réseaux sociaux sont la meilleure façon de toucher les gens, et en particulier les étudiants, assure Mme Papageorgiou. C’est également le moyen le moins couteux pour faire passer le message. » La directrice du CQTS rappelle que les universités peuvent recevoir gratuitement des visuels de la campagne de la Semaine sans tabac, si elles en font la demande.

* Institut national de santé publique du Québec, 2006 : Programme québécois de remboursement des aides pharmacologiques à l’arrêt tabagique

 

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