À l’école de la politique

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Par Fanny Bourel
mardi 4 septembre 2012
À l’école de la politique
David Fortin-Côté, candidat de Québec Solidaire dans Montarville, Rive-Sud (Crédit : Courtoisie Québec solidaire)
David Fortin-Côté, candidat de Québec Solidaire dans Montarville, Rive-Sud (Crédit : Courtoisie Québec solidaire)

« La valeur n’attend point le nombre des années. » Cette citation de Pierre Corneille, des étudiants québécois ont décidé de l’appliquer en devenant candidats aux élections provinciales du 4 septembre. Rencontre avec trois d’entre eux qui ne manquent ni de détermination ni de conviction.

David Fortin-Côté (Québec solidaire), Mathieur  Mireault (Parti vert du Québec) et Nicolas Bonami (Parti québécois) se présentent sous des étiquettes politiques différentes,mais ont tous en commun leur jeune âge et leur statut d’étudiant. À respectivement 20, 22 et 23 ans, ils n’ont pas hésité longtemps quand leurs partis leur ont proposé de se lancer dans la course. Pour eux, siéger à l’Assemblée nationale correspond à une volonté de changer les choses et d’apporter des solutions aux problèmes de leurs concitoyens.

Pour M. Mireault, étudiant à la maîtrise en gestion à HEC et pigiste au Quartier Libre, il s’agit de «donner une voix à la jeunesse, qui non seulement n’en a pas, mais qui, en plus, est muselée». Une motivation que partage M. Fortin-Côté, étudiant en sciences politiques à l’UQAM, qui regrette la trop faible représentation des 18-44 ans parmi les députés québécois. «C’est notre Québec à nous autres aussi!» s’exclame-t-il. Alors que 26,5% de la population du Québec a entre 18 et 40 ans, seulement 17,6 % des élus de la précédente législature avaient moins de 39 ans, selon un rapport de 2012 sur la relève politique de la Fondation Jean-Charles Bonenfant.

Des réactions positives

Se présenter comme député alors qu’on est encore étudiant est un choix inhabituel. Les réactions sont pourtant majoritairement enthousiastes. «Mes amis sont fiers de moi, mes collègues de l’école m’ont félicité, et j’ai reçu des encouragements aussi bien de la part de mes électeurs que de membres de partis adverses», raconte M. Bonami, étudiant au baccalauréat en génie civil à l’École Polytechnique de Montréal. Un constat que partage M. Fortin-Côté, pour qui « être jeune est un atout». «Quand je fais du porte-à-porte, les gens sont contents de voir un jeune », précise-t-il.

M. Mireault, quant à lui, se félicite de l’effet d’entraînement de sa candidature sur l’envie de s’engager de certaines personnes qu’il rencontre. «Quand tu t’impliques, tu constates un effet boule de neige autour de toi, explique-t-il. Les gens ne sont pas si blasés. Ils veulent s’investir pour faire changer les choses, mais ne savent pas comment.»

Mathieu Mireault, candidat du Parti vert du Québec dans Robert-Baldwin (Montréal) (Crédit: Parti vert du Québec)

Trop jeune?

Si le fait d’être jeune permet de bénéficier d’un capital sympathie auprès des électeurs, difficile de dire s’il se concrétisera dans les votes. « Le vote stratégique brouille les pistes. Les gens qui voteront pour moi vont-ils le faire car je suis jeune ou pour soutenir Québec solidaire?», se demande M. Fortin- Côté. La question de la maturité suffisante de ces candidats qui sont toujours aux études peut également se poser pour certains électeurs. «Sur quels critères est-on suffisamment mûr pour devenir député?», questionne le candidat de Québec solidaire. « Si je ne me pensais pas capable de siéger à l’Assemblée nationale, je ne me serais pas lancé, et les membres de mon parti ne m’auraient pas fait confiance», affirme-t-il en ajoutant qu’il a déjà participé à des simulations parlementaires.

M. Bonami conteste vigoureusement l’hypothèse selon laquelle il serait trop jeune pour remplir un mandat de député. « Cela prend des personnes de tous âges pour construire une société, on a autant besoin des idées de ceux qui ont 20 ans que de ceux qui enont 50.» Il souligne que s’il est élu, il pourra apporter une autre vision de ce dont le Québec a besoin. «Les personnes de 50 ou 60 ans ont tendance à davantage accorder lapriorité à l’économie, alors que des jeunes vont plus mettre l’accent sur l’éducation», avance-t-il.

Nicolas Bonami, Candidat du Parti québécois dans Jeanne-Mance-Viger (Crédit : Courtoisie Nicolas Bonami)

Concilier études et politique

Convaincus de leurs compétences pour être de bons députés, nos trois candidats sont également déterminés à poursuivre leurs études s’ils sont élus. «Je ne lâcherai pas mon bac, mais je prendrai peut-être des cours par correspondance», envisage M. Bonami. Idem pour M. Fortin-Côté qui considère qu’il est plus noble de continuer ses études que de les abandonner. «Certains députés ont des familles et cela ne les empêche pas de remplir leur mandat», rappelle-t-il.

 Quels que soient les résultats des élections provinciales, l’expérience de candidat aura été très positive pour nos trois étudiants. «Je conseille à n’importe qui de se lancer dans la politique», conclut M. Mireault avant d’insister sur le fait qu’il ne s’agit pas seulement «de se présenter tous les quatre ans, mais de s’impliquer au quotidien dans sa communauté et d’écouter les gens».

 

LES ÉTUDIANTS EN SCIENCES POLITIQUES EN FORCE

Tous les partis ne comptent pas la même proportion de jeunes étudiants. Si on en recense 17 à Québec solidaire et même 27 à Option nationale, seulement huit candidats du Parti québécois sont à la fois jeune et étudiant, six au Parti libéral et un seul à la Coalition Avenir Québec.

Sur les candidats aux études de ces cinq partis, ils sont au moins 11 à étudier à l’UdeM. Parmi eux :

Guillaume Blanchet (ON), maîtrise en recherche opérationnelle à l’École Polytechnique

Nicolas Bonami (PQ), baccalauréat en génie civil à l’École Polytechnique

Léo Bureau-Blouin (PQ), étudiant en droit

Étienne Collins (PLQ), étudiant en sciences politiques

Olivier Chauvin (ON), mineure en sciences politiques

Marc-André Dénommée (ON), certificat en archivistique

Marianne Dessureault (PQ), baccalauréat en études internationales

Marie-Ève Pelletier (PLQ), étudiante en sciences politiques

Maxime St-Arnault (ON), baccalauréat en sciences politiques et études internationales

Maxime St-Onge (PLQ), étudiant en sciences politiques

Marc-Antoine Trudel (PLQ), baccalauréat en administration des affaires à HEC