Les trésors de l’Université

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Par Kenza Bezzaz
mercredi 2 octobre 2013
Les trésors de l'Université
L'exposition Monts et merveilles se tient au pavillon de la Faculté d'aménagement jusqu'au 9 décembre. (Crédit photo: Pascal Dumont)
L'exposition Monts et merveilles se tient au pavillon de la Faculté d'aménagement jusqu'au 9 décembre. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Le Centre d’exposition de l’UdeM accueille jusqu’au 8 décembre l’exposition Monts et Merveilles. Près de 300 objets, instruments de musique, outils et œuvres sélectionnés par les conservateurs de sept collections rattachées à l’UdeM, à Polytechnique et à HEC y sont présentés.

 

Lieu de découvertes multidisciplinaires, l’exposition réunit un patrimoine international, accumulé pendant des décennies de recherches et d’enseignement. « Cette exposition, ce sont des découvertes à profusion, affirme la guide-interprète, responsable de l’accueil au centre d’exposition et étudiante en design industriel, Julianne Charbonneau. On peut vraiment apprendre énormément de choses ici. »         

Parmi les pièces remarquables, une cuirasse portée par des guerriers d’Océanie du 19ème siècle est présentée au milieu d’outils faits de bambou, de cuir et d’os qui composent la collection d’ethnographie. Le Laboratoire d’ethnomusicologie déploie une diversité d’instruments inouïe. On y retrouve un instrument de percussion composé de 96 capsules de bières, une cithare du Vietnam, un tambour inuit et bien d’autres.

La section de médecine dentaire offre un curieux historique de son évolution : de la brosse à dents en poils de porcs aux appareils de dissection. « Dans cette collection, j’aime beaucoup la clé de Garengeot et le Davier, qui servent à l’extraction des dents, souligne Julianne. Ils retracent l’évolution d’un objet pour une même fonction et on peut voir le changement. »

L’École Polytechnique présente le génie géologique à travers des roches et minéraux aussi variés que la crocoïte vermeille d’Australie ou l’hématite arrondie du Maroc. Toujours du côté scientifique, la collection personnelle du frère Marie-Victorin, le fondateur du Jardin botanique de Montréal, donne un aperçu de la vie du botaniste à travers son herbier.

Les archives institutionnelles et privées de HEC recèlent des trésors historiques, témoins de la grandeur de l’antique compagnie francophone Dupuis Frères. On y trouve même la signature originale de Louis XVI, datant de 1791. Une collection d’œuvres d’art québécoises constitue la septième et ultime partie de l’exposition.

 

Des pièces exceptionnelles

L’exposition a bénéficié de la contribution de Michel Dallaire, qui a choisi un objet issu de chaque collection. Designer montréalais au rayonnement international, il a conçu le flambeau des Jeux olympiques de 1976 et le vélo en libre-service BIXI.                  

Une projection de la visite de Michel Dallaire dans les sept collections universitaires se trouve au cœur de la galerie. « Je voulais permettre aux visiteurs d’avoir quelqu’un qui soit un guide virtuel à la découverte », explique la directrice du Centre et conservatrice de la collection d’œuvres d’art de l’UdeM, Louise Grenier.   

Les sept sélections du designer sont des pièces qui ont retenu son attention. « Mon guide émotif était uniquement le frisson esthétique », admet M. Dallaire. Il a donc travaillé par coups de cœur. « Je cherche toujours la surprise, explique-t-il. Dans la collection d’instruments de musique anciens, j’ai vu des choses absolument étonnantes, mais mon choix n’était pas basé sur la sonorité ou la performance des instruments. »

Dans les archives de HEC par exemple, il a choisi une machine à écrire des années 1930. « C’est le dactylographe du premier directeur de HEC, un objet d’une beauté incroyable.», rappelle-t-il. Situés au centre des allées, ces coups de cœur sont le point de départ de la visite. Ils permettent aux visiteurs d’adopter un point de vue qui sera le fil conducteur de leurs découvertes.      

Mont et merveilles est le fruit d’une collaboration interuniversitaire inédite de près de deux ans qui a demandé le travail de plus de cent personnes. 

 

(Photo: Courtoisie Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal. Cote: E00391FP06359)

(Photo: Courtoisie Division de la gestion de documents et des archives de l’Université de Montréal. Cote: E00391FP06359)

Un absent de taille

 

L’UdeM a pendant longtemps conservé un trésor pour le moins surprenant : le squelette du Géant Beaupré. Atteint de gigantisme à cause d’une surproduction d’hormones de croissance, Édouard Beaupré mesurait 8 pi et 3 po (ou 2,53 m) à sa mort, à l’âge de 23 ans. En 1907, Louis Napoléon Delorme, professeur d’anatomie à l’UdeM, décide d’acheter le corps momifié du géant pour l’exposer dans son département. L’Université le gardera pendant un peu plus de huit décennies. Des générations d’élèves défilent devant la vitre derrière laquelle Beaupré repose jusqu’en 1989. Cette année-là, des parents du géant demandent de rapatrier la dépouille. Le cadavre d’Édouard Beaupré avait déjà été exhibé à plusieurs reprises dans un salon funéraire à Saint-Louis (États-Unis), puis au musée d’Eden de Montréal. Ses cendres reposent dans son village natal, Willow Bunch en Saskatchewan, en face d’une statue érigée en l’honneur du plus grand homme canadien de l’histoire.