L’écriture sur la place publique

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Par Raphaël Boivin
lundi 14 mars 2016
L’écriture sur la place publique
Les soirées Vendencres ont lieu une fois par mois à la librairie La Passe. Courtoisie Vendencres
Les soirées Vendencres ont lieu une fois par mois à la librairie La Passe. Courtoisie Vendencres
La participation à des collectifs d’écriture est une étape importante dans le parcours d’un étudiant écrivain. Grâce à l’initiative de quatre étudiantes de l’UdeM, baptisée Vendencres, des soirées de création littéraire et de poésie mensuelle permettent de faire progresser les auteurs étudiants, voire de les amener à se faire éditer.
« Les micros ouverts servent surtout à ça : au partage, à se construire une plume, un style, une façon de lire et de tester nos textes. »
Marc-André Lévesque - Étudiant au baccalauréat en littératures de langue française à l’UdeM

L’une des organisatrices de Vendencres et étudiante au baccalauréat en littérature comparée de l’UdeM, Camille Bernier, considère que ce genre de rencontre favorise le développement de nouveaux réflexes d’écriture. « Vendencres est une soirée d’écriture spontanée, explique-t-elle. Tout le monde est invité à écrire et à réciter sur place en suivant des contraintes suggérées qui peuvent nous sortir de nos repaires d’écriture habituelle. De plus, cela permet de se confronter à un public venant de tous les horizons qui sera même appelé à commenter les textes lus en leur répondant par un autre texte. »

Pour la professeure au Département des littératures de langue française Marie-Pascale Huglo, la prestation ou l’édition par un collectif est, avant tout, très stimulante sur le plan de la création. « Soumettre un texte, c’est avant tout s’exposer, explique-t-elle. Le fait de se soumettre au jugement critique est très important pour ne pas évoluer en vase clos. »

L’idée d’ouverture se transpose dans le concept fondateur de Vendencres, selon une des organisatrices, étudiante au baccalauréat en littérature comparée, Miriam Sbih. « Ce qu’on observait et qui nous a donné envie de créer ce genre de soirée, vient beaucoup de l’aspect très sectaire des soirées de poésie de la ville, dit-elle. On voulait ouvrir un peu ce milieu à des gens qui n’y feraient pas spontanément attention, car souvent, c’est une belle manière d’entrer dans le domaine de l’écriture. »

L’étudiant au baccalauréat en littératures de langue française Marc-André Lévesque estime qu’il y a un lien fort entre les lectures publiques et les publications. Il est d’ailleurs lui-même auteur d’un recueil de poésie intitulé Chasse aux licornes, paru en mai dernier aux Éditions de l’Écrou. « Beaucoup des textes que je publie, dans le recueil ou en revues, ont d’abord été lus sur scène, ont été cassés [NDLR : critiqués], vécus devant public, dit-il. Les micros ouverts servent surtout à ça : au partage, à se construire une plume, un style, une façon de lire et de tester nos textes. » Plusieurs textes de son recueil ont d’ailleurs été composés lors d’événements de Vendencres.

Le travail en collectif permet une ouverture qui joue un rôle important au moment de l’édition, selon Mme Huglo. « Ce que l’on entend, c’est que pour les éditeurs il y a une crainte de moins quand les auteurs sont habitués à s’exposer, car ils savent qu’ils ont reçu autre chose que des commentaires complaisants, explique-t-elle. Ils savent que l’auteur sera plus ouvert et ne s’indignera pas à la première demande de changement. »

Le premier recueil de Marc-André Lévesque est aujourd’hui finaliste au Prix des libraires, section poésie. Pour lui, ce recueil ne serait pas le même sans son expérience dans les slams et les soirées de poésie.

Vendencres
Prochaine rencontre le mercredi 16 mars (spécial thème Taxi)
Librairie la Passe | 1214, rue de la Montagne