Déserts, le beau risque

icone Culture
Par Mylène Gagnon
lundi 30 janvier 2017
Déserts, le beau risque
Le tournage du film Déserts dans la mythique Vallée de la mort. Crédit photo : Guillaume Collin.
Le tournage du film Déserts dans la mythique Vallée de la mort. Crédit photo : Guillaume Collin.
Présenté pour la première fois au Festival du nouveau cinéma en octobre dernier, le film Déserts sera projeté au ciné-campus de l’UdeM le 31 janvier prochain. Rencontre avec les réalisateurs, les deux diplômés de l’UdeM en cinéma Yann-Manuel Hernandez et Charles-André Coderre, qui racontent leur première expérience de long-métrage.

C’est en 2014 qu’a débuté cette aventure, alors que les deux diplômés étaient en train de rédiger leur mémoire de maîtrise. « C’est grâce au programme de production micro budget de Téléfilm que nous avons pu financer Déserts, déclare Yann-Manuel. Le programme cible les réalisateurs qui en sont à leur premier long-métrage et, si nous désirons en réaliser un deuxième, il faudra concurrencer les Denis Côté et Xavier Dolan. » Le film raconte l’histoire d’un homme vivant à Montréal qui décide de tout quitter pour se retrouver dans le désert de Death Valley. Là-bas, il rencontre une jeune femme avec laquelle il poursuivra son aventure.

Créer sa liberté

Avec un tournage d’une durée de dix jours à Montréal et vingt dans le désert, les réalisateurs jouissaient d’une grande liberté, notamment celle de ne pas suivre à la lettre le scénario. « Nous avons eu beaucoup de temps pour repérer les lieux et pour nous inspirer de notre environnement, dévoile Charles-André. Il y avait donc de la place pour l’improvisation. Nous ne voulions pas entrer dans un canevas rigide. » L’improvisation était aussi possible grâce à la petite équipe qui les accompagnait, dix personnes à Montréal, sept dans le désert. « Nous désirions prendre des risques, pas seulement dans la salle de montage, mais dans la façon de tourner, rajoute Charles-André. Nous sommes tous deux fortement influencés par le réalisateur Philippe Garrel qui n’avait qu’une petite équipe pour tourner. »

Un enseignement ouvert

Bien que leur long-métrage ait été placé dans la catégorie du drame poétique et soit issu du cinéma expérimental, les jeunes réalisateurs se détachent de cette étiquette. « Nous n’avons pas choisi ces mots, poursuit Yann-Manuel. Quand on utilise ces termes, c’est que le film sort de la narration normale. »

Le professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques André Habib abonde dans le même sens. « Déserts demeure un film essentiellement narratif et de fiction, bien qu’il ait des séquences faisant appel au cinéma expérimental », exprime t-il. Celui qui a souvent enseigné ce type de cinéma croit que son cours, de même que tous les autres, peut bouleverser la compréhension des étudiants. « L’ouverture que nous proposons et la diversité des types de films que nous montrons ont pour objectif de nourrir le regard des étudiants et de leur faire réaliser des œuvres aussi complexes et généreuses que Désert », pense le professeur.

M. Habib salue le travail de ses anciens étudiants, qui peut être une source d’inspiration. « C’est un film très ambitieux, où apparaissent tout le savoir-faire et la maîtrise technique, mais aussi toute la maturité intellectuelle et esthétique de ces très jeunes artistes », conclut-il. Et pour les jeunes réalisateurs, nulle question de s’arrêter, puisqu’ils se sont déjà lancés chacun de leur côté dans la création de courts-métrages.