Sous le béton, le basalic

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Par Sarah Champagne
mardi 6 septembre 2011
Sous le béton, le basalic

Des radis, puis des amis : le jardin communautaire, c'est aussi le brassage social (crédit photo 350.org/flickr)

Rien de tel qu’un potager pour reconnecter les citadins à la terre qui les nourrit, une pratique dans laquelle la communauté universitaire de Montréal fait depuis longtemps figure de pionnière. En s’associant au lancement d’une pétition pour la promotion de l’agriculture urbaine à Montréal, les étudiants tentent à présent de semer leur engagement écocitoyen dans la population.

« On ne nourrira pas Montréal en faisant d e  l ’ a g r i c u l t u r e urbaine », prévient Danielle Dagenais, professeure en architecture du paysage à l’Université de Montréal. Jardins communautaires, toits verts productifs, plantation d’arbres fruitiers, maraîchage en  bacs, en sacs ou mural sont autant de moyens de décliner la production alimentaire dans les rares espaces disponibles du tissu urbain. Mais même en les exploitant tous, une ville sera toujours loin de l’autosuffisance alimentaire.

C’est plutôt sous l’angle de la socialisation et de l’éducation que l’agriculture urbaine prend tout son sens. « Que ce soit pour développer un sentiment d’appartenance à une communauté ou pour prendre contact avec le vivant, l’agriculture urbaine c’est beaucoup plus que de planter des tomates ! », affirme Marie-Ève Julien Denis du Groupe de travail en agriculture urbaine (GTAU), la coalition à l’origine de la pétition. Elle rappelle que les jardins communautaires sont reconnus depuis longtemps pour faciliter l’intégration des immigrants et sensibiliser à l’environnement.

Impliquer les citoyens

Ce sont 15000 résidents montréalais de plus de 15 ans qui devront signer la pétition avant le 8 novembre 2011 pour que la Ville de Montréal soit légalement tenue de mettre en marche la consultation publique réclamée par la coalition. Le GTAU souhaite y exposer les défis freinant l’agriculture urbaine, notamment la pression sur l’occupation du territoire, les sols contaminés et le sous-financement des initiatives existantes. Grâce au rôle informatif d’une consultation, le GTAU espère aussi accroître l’appui collectif en faveur de ces pratiques. L’objectif ultime serait « une intégration dans les plans d’urbanisme et de développement durable de la Ville de Montréal », tel que le mentionne Mme Julien Denis.

Reconnaissant les bénéfices des stratégies globales en faveur de l’agriculture urbaine, Mme Dagenais souligne certains enjeux d’aménagement limitant son expansion. Elle rappelle que la création d’un jardin communautaire équivaut souvent à une semi-privatisation du terrain, réduisant ainsi son accès. Il convient donc de se questionner sur les besoins des citoyens pour ce qui est des espaces verts « quartier par quartier », rappelle-t-elle.

Mme Dagenais encourage les étudiants à prendre part à la réflexion et à mettre davantage la main à la terre sur la Montagne, précisant « qu’il y a de la place à l’UdeM pour ces projets ! » Grâce à McGill, à Concordia et à l’UQAM où l’agriculture urbaine est bien ancrée, la communauté universitaire est déjà un chef de file qui fournit quatre des 27 organismes qui composent le GTAU. Le membre de la coalition issu de l’UdeM, le groupe Product ion Agricole Urbaine Soutenable et Écologique (P.A.U.S.E.) a été fondé par la première cohorte d’étudiants au D.E.S.S. en environnement et développement durable. Ses projets d’apiculture, de culture des champignons comestibles et de maraîchage n’ont débuté qu’au printemps dernier. L’UdeM a donc du chemin à faire pour rattraper ses consoeurs du centre-ville.

SARAH CHAMPAGNE

Plus d’information sur le site du GTAU au agriculturemontreal.info/about-us/gtau