S’imposer culturellement

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Par Nicolas Toutant
mercredi 15 novembre 2017
S’imposer culturellement
Illustration : Jèsybèle Cyr
Illustration : Jèsybèle Cyr
Selon plusieurs observateurs, les produits culturels de la Corée du Sud sont de plus en plus exportés. La musique, les séries télévisées et la gastronomie sud-coréenes se répandent à travers l’Asie, l’Europe et les Amériques. Le Centre d’études et de recherches internationales de l’UdeM (CÉRIUM) se penche sur le phénomène lors de l’événement L’Hallyu à l’UdeM : plongeon dans la vague coréenne le 17 novembre prochain.
Il y a une part importante de soft power dans cette tactique, où un gouvernement s’impose diplomatiquement via la culture, l’économie, par opposition au hard power militaire.
Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, Responsable des communications et partenariats du CÉRIUM

«On veut présenter l’ampleur de cette vague, démontrer que ce n’est pas quelque chose qui est arrivé par hasard », explique le responsable des communications et partenariats du CÉRIUM, Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, qui est en charge de l’organisation de l’événement. « Les produits culturels sud-coréens proviennent de puissants holdings tentaculaires, qui promeuvent leurs différents produits à travers leur musique [ou leurs émissions de] télévision », ajoute-t-il.

L’Hallyu à Montréal

L’étudiante au baccalauréat en études asiatiques Marie Chabot préside le Cercle d’échange coréen de l’UdeM. L’origine de son intérêt pour ce pays est difficile à expliquer. « Ça aurait pu être la culture chinoise, japonaise, concède-t-elle. Il y a une multitude de facteurs qui expliquent cet engouement. Il y a quelque chose avec la culture coréenne qui est nouveau, ce qu’on appelle la vague Hallyu. Ça inclut la K-pop, la nourriture, les séries télé, le cinéma. »

Inscrite au même programme que Marie, Camille Poirier s’intéresse quant à elle à la culture sud-coréenne depuis plusieurs années déjà. « Mon intérêt remonte au secondaire, raconte-t-elle. Une amie m’avait montrée quelques chansons, et j’ai bien aimé. J’ai ensuite graduellement commencé à en écouter plus. »

D’abord centré sur la musique pop et les séries télévisées, son intérêt s’est par la suite élargi pour englober la culture sud-coréenne de façon plus large. « J’ai appris à apprécier la culture, la langue, la nourriture, dit-elle. J’ai toujours eu un amour pour les langues, et celle-ci m’attire. »

D’après Camille, la popularité grandissante de la K-pop en Amérique du Nord s’expliquerait entre autres par la qualité et l’efficacité du contenu. « Si [on écoute] une série dramatique coréenne, on se retrouve très rapidement accroché à l’histoire sans vouloir s’arrêter », estime-t-elle.

À la conquête du monde

L’auteure du livre The Birth of Korean Cool, Euny Hong, présentera une conférence lors de l’événement du CÉRIUM. Selon elle, la culture populaire serait un outil utilisé par le gouvernement sud-coréen afin de faire rayonner son pays. Cette vague résulterait donc de gestes calculés et volontaires de la part du gouvernement et des géants du milieu. « Il y a toute une ambition de Séoul derrière ça, de faire connaître sa culture, poursuit M. Légaré-Tremblay. Il y a une part importante de soft power dans cette tactique, où un gouvernement s’impose diplomatiquement via la culture, l’économie, par opposition au hard power militaire. »

Derrière la culture populaire sud-coréenne se trouve une multitude d’entreprises culturelles, dont le produit a des répercussions politiques. « Le gouvernement, en investissant quelques milliards de dollars dans une stratégie de diffusion internationale, participe évidemment à l’augmentation du PIB sud-coréen », soutient M. Légaré-Tremblay. Selon lui, l’industrie culturelle contribue également à façonner une image internationale pour la Corée du Sud.


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