Penser sans limites

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Par Sarah-Eden Dadoun
mercredi 12 mars 2014
Penser sans limites
Illustration: Navid Moghaddam
Illustration: Navid Moghaddam

Faire preuve de créativité est un atout majeur sur le marché du travail. Si la pensée rationnelle est une clé essentielle à la réussite, la pensée créative est une qualité de plus en plus prisée par les employeurs. Cette aptitude peut s’acquérir à condition de pratiquer des exercices bien précis et d’interagir en communauté.

«Pour améliorer sa créativité, il faut apprendre à mettre son cerveau en état d’alerte et se laisser aller à penser de façon absurde, affirme le publicitaire pigiste et chargé de cours au certificat de publicité de l’UdeM Roger Tremblay. Il faut également développer son sens des associations.»

Plusieurs cours consacrés au développement de la créativité apparaissent actuellement aux États-Unis. À l’UdeM, il existe aujourd’hui une trentaine de cours en rapport avec ce sujet, mais il s’agit toujours de cours à orientation disciplinaire dans des programmes tels que création littéraire, journalisme ou publicité.

Le programme MOSAIC de création et d’innovation à HEC sera consacré à la créativité l’été prochain. Il réunira 70 étudiants, universitaires et entrepreneurs du monde entier dans le but d’améliorer le processus de créativité tout en interagissant avec la communauté. «Ces 70 personnes vont, en interagissant, accélérer le processus de créativité », affirme le professeur agrégé au Service de l’enseignement du management à HEC Laurent Simon. Il soutient que l’échange d’idées est à l’origine du processus de créativité.

Chez les étudiants, plusieurs se montrent ouverts à ce type d’apprentissage. « Je pense qu’un cours de créativité pourrait aider, explique l’étudiant en musique Simon Alexandre. Il serait probablement plus efficace d’intégrer un volet créativité dans les cours. Cela permettrait d’en voir l’application concrète dans un domaine d’étude et les bienfaits qu’elle apporte.»

Si la définition de la créativité est très claire pour certains étudiants, elle demeure toutefois obscure pour d’autres. « La créativité permet de produire un produit concret, un essai, une chanson, convient l’étudiante en musique Kamelia Ammarkhodja. Mais je ne suis pas certaine de ce que cela signifie réellement.»

Laurent Simon définit la créativité comme la capacité de faire une différence tout en apportant une solution efficace à un problème. Pour lui, le processus de créativité est la réponse à une urgence d’apprendre à s’adapter plus vite et mieux aux évolutions de notre milieu. «À HEC, notre préoccupation, c’est la maîtrise de la créativité, soutient le professeur.

Nous essayons de l’identifier, de la comprendre, de l’analyser et de faire en sorte qu’elle permette de faire une différence.»

Un don divin?

Selon le professeur agrégé à HEC, la créativité est considérée à tort comme un cadeau de la Providence. « La créativité va bien au-delà de l’étincelle de génie: c’est un enjeu fondamental économiquement, socialement et pour le développement humain», certifie-t-il. Selon lui, la créativité est le résultat de l’éducation reçue, de la vie culturelle, de la diversité des expériences et de la richesse des connaissances d’une personne.

Toutefois, M. Tremblay juge que certaines personnes sont plus prédisposées que d’autres à développer cette aptitude. «L’éducation joue un rôle primordial, reconnaît-il. Plus un enfant est exposé à des activités artistiques, plus il lui sera facile de développer sa créativité.»

Néanmoins, il ne nie pas qu’elle peut s’apprendre à force de persévérance. «Il ne faut pas se bercer d’illusions, prévient-il. Sans exercices, certains ne seront jamais créatifs. C’est comme en musique, sans pratiquer, on ne peut pas devenir violoniste, même si on possède un violon et un archet.» Ne pas être créatif n’est pas une fatalité. Cette aptitude peut se développer à condition de s’exercer et d’observer une certaine discipline.

M. Simon estime que la créativité est un atout crucial dans notre conjoncture sociale et économique. Pour mesurer son importance, il cite un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) intitulé The Creative Economy report 2008-2010. «Face à un monde qui se caractérise par un certain nombre de turbulences et d’accélérations, pour être capable de trouver sa place et de faire une différence, il faut être créatif », assure le professeur. Il considère que la créativité est bel et bien une question centrale dans des domaines comme l’économie, la gestion, les institutions, la politique et le développement social.