Volume 21

Plus d’avocat pour les manisfestants

Le retrait du droit de pratique de l’avocat des carrés rouges, Denis Poitras, laisse des centaines d’individus dans une situation incertaine quant à la suite de leur défense. La lourdeur de l’appareil judiciaire pourrait cependant être la lueur d’espoir des étudiants aux prises avec des accusations.

« Denis Poitras se serait entendu avec les autorités pour retrouver son droit de pratique d’ici un an », affirme Cindy* du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP). L’avocat criminaliste Me Olivier Roy, qui a déjà collaboré avec Denis Poitras pour la défense de manifestants, estime que « compte tenu des longs délais à la cour municipale, il est probable que l’avocat puisse reprendre ses dossiers avant leur audition ». Selon lui, ces dossiers peuvent prendre plusieurs années, et ce, sans compter l’engorgement créé par les centaines d’arrestations de l’an dernier. Entre temps, la majorité des cas seront pris en charge par des collaborateurs ainsi que par la clinique Juripop.

 

Un avocat engagé

Aussi appelé « l’avocat des carrés rouges », Denis Poitras s’est fait retirer son droit de pratique à cause d’une faillite personnelle due à l’accumulation de pénalités pour des impôts impayés. Il pilotait seul près de 1700 dossiers dont plusieurs étaient liés aux évènements du printemps érable. Denis Poitras est depuis longtemps spécialisé dans la défense des droits de militants et manifestants pour lesquels il effectue des mandats gratuitement, aussi appelés pro bono, et d’aide juridique.

L’aide juridique ne couvre cependant pas les contraventions municipales telles que celles distribuées durant le printemps érable. Julien Villeneuve, mieux connu sous le pseudonyme de Anarchopanda, estime que la distribution de ces contraventions est une tactique très efficace de la part du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Celle-ci aurait découragé plusieurs étudiants de manifester en attaquant leurs ressources financières.

Plusieurs considèrent que le retrait du droit de pratique de Denis Poitras est injuste et nuit à ses clients les moins fortunés. « Entre être un bon avocat et respecter ses obligations légales, puis des questions sur sa situation financière face à l’état, c’est deux questions différentes », estime M. Villeneuve. Sans nommer personne, il mentionne que certains avocats ayant eux aussi fait faillite ont recouvré leur droit de pratique dans des délais de quelques jours ou quelques semaines.

 

Soutenu par la communauté

La communauté n’a pas tardé à réagir en créant le site aidonsdenispoitras.org pour recueillir des dons afin d’aider l’avocat à rembourser sa dette. Depuis la mise sur pied du site, le 5 août dernier, plus de 33000 $ ont été amassés sur les 300000 $ que M. Poitras doit à Revenu Québec. « Il y a beaucoup de gens qui donnent qui n’ont jamais eu recours à ses services », précise M. Villeneuve.

Le COBP organise une soirée-bénéfice le 14 septembre prochain aux Katacombes afin d’amasser des fonds pour aider Denis Poitras. Le Collectif lancera par la même occasion la réédition de son feuillet « Surprise! On a des droits! »  

* Le nom a été changé pour respecter l’anonymat  

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