Moins de bâtons dans les roues

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Par Catherine Dib
vendredi 7 octobre 2016
Moins de bâtons dans les roues
Plusieurs installations ont été placées pour le stationnement des bicyclettes autour des différents pavillons du campus de la montagne. Crédit photo : Carine Rose Henriquez.
Plusieurs installations ont été placées pour le stationnement des bicyclettes autour des différents pavillons du campus de la montagne. Crédit photo : Carine Rose Henriquez.
L’été dernier, l’UdeM a reçu une mention d’honneur dans le cadre des certifications du Mouvement vélosympatique organisé par Vélo Québec, reconnaissant ainsi ses efforts à favoriser le cyclisme. Cependant, la cohabitation entre piétons, voitures et cyclistes sur le campus est-elle toujours harmonieuse ?
« Il y a des éléments dans notre infrastructure qui datent des années 1960, on était dans la mentalité de déifier l’automobile. C’est une façon de faire qui est dépassée ! » Éric Bélanger, Cofondateur de Biciklo et chargé de cours en génie civil à Polytechnique.

Selon la chargée de projet chez Vélo Québec, Sandrine Cabana-Degani, la distinction qu’a reçue l’UdeM sert à féliciter les mesures prises localement au courant des dernières années. Le rapport du Mouvement vélosympathique reconnaît la présence des stationnements pour vélo, mais aussi les projets comme l’atelier Biciklo, qui offre des formations en réparation sur le campus depuis 2009, et les bornes FIXIT. Cette évaluation positive corrobore les propos de certains cyclistes étudiants. « Il y a pas mal de stationnements pour les vélos, proche des pavillons en plus, déclare le doctorant en chimie Nicolas Diercxsens. J’ai mon trajet habituel jusqu’à Roger-Gaudry qui se fait bien, le chemin de la Côte-Sainte-Catherine aussi, même si la piste cyclable est en mauvais état. »

Néanmoins, plusieurs étudiants rencontrés sur le campus font remarquer que les intersections autour du campus de la montagne de l’UdeM n’ont pas de signalisation adaptée au transport en vélo. L’étudiante au certificat en relations industrielles Marie-Pier Delisle trouve également que les déplacements sur le site de l’Université sont parfois ardus. « Bien qu’il s’agisse d’un campus universitaire, il est aménagé pour faciliter la circulation automobile avant tout, pense-t-elle. Il n’y a pas d’espace de cohabitation. »

La place allouée aux voitures sur le campus est effectivement discutable, selon le cofondateur de Biciklo et chargé de cours en génie civil à Polytechnique, Éric Bélanger. « Il y a des éléments dans notre infrastructure qui datent des années 1960, on était dans la mentalité de déifier l’automobile, déclare-t-il. C’est une façon de faire qui est dépassée ! »

Un campus perfectible

Pour attribuer sa mention d’honneur, Vélo Québec a utilisé le calcul de la part modale, une statistique calculant la proportion des déplacements correspondant à un moyen de transport précis, dans ce cas-ci la bicyclette. « La part modale est de 3 % pour l’UdeM, ce qui est relativement faible pour une université », déclare Mme Cabana-Degani. En comparaison, celle de l’Université Laval, qui a reçu la mention Or, tourne autour de 14 %. La chargée de projet précise cependant que chaque établissement utilise une méthodologie différente pour la cueillette des données.

D’après Mme Cabana-Degani, il serait possible d’augmenter la part modale en encourageant les étudiants de l’UdeM qui habitent dans un rayon de 5,2 km du campus à pédaler jusqu’à leurs cours. Selon les chiffres de la chargée de projet, 45 % de la population étudiante se situe dans ce périmètre. La porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, affirme que la part modale continue de croître dans la communauté. « Comme beaucoup d’organisations, nous recevons de plus en plus de demandes en ce sens à juste titre, affirme-t-elle. L’UdeM est sollicitée à cet effet de deux façons, en tant qu’établissement d’enseignement, mais aussi en tant qu’employeur. »

Vers une communauté durable

Pour le moment, Vélo Québec observe un manque des ressources sur le campus pour optimiser la pratique du vélo. L’organisme mentionne qu’il pourrait y avoir davantage d’installations cyclables, des campagnes favorisant le cyclisme, mais aussi des stationnements sécurisés à l’intérieur. Ce sont des mesures que l’Unité du développement durable de l’UdeM (UDD) examine pour potentiellement les mettre en place, selon Mme O’Meara. « Plusieurs chantiers majeurs de réfection ont débuté et vont se poursuivre au cours des prochaines années à l’UdeM », affirme-t-elle, sans toutefois préciser les détails des projets.

Un plan d’action, présentement en préparation par l’UDD, pourrait changer l’état actuel du campus et de ses environs. Le cofondateur de Biciklo souligne les bienfaits de cette unité, mais garde quelques réserves vis-à-vis de son mode de fonctionnement. Il considère qu’une structure institutionnalisée pourrait entretenir le statu quo, si d’autres voix ne se lèvent pas pour proposer des idées différentes. « Ils font des choses qui fonctionnent, concède-t-il. Mais il faut que certains enjeux soient pris en main par des groupes d’étudiants. » Lorsqu’interrogée sur le sujet, Mme O’Meara a déclaré que l’UDD souhaite amorcer une discussion où différents partenaires sur le campus échangeront sur les façons dont le campus intégrera la présence croissante du vélo.