Jusqu’à 16 500 $ par an

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Par Fanny Texier
mardi 26 mars 2013
Jusqu’à 16 500 $ par an
L’association des étudiants des cycles supérieurs de Concordia s’est mobilisée le 14 février dernier pour sensibiliser le public aux frais élevés payés par les étudiants étrangers. (Crédit : Anne Leclair)
L’association des étudiants des cycles supérieurs de Concordia s’est mobilisée le 14 février dernier pour sensibiliser le public aux frais élevés payés par les étudiants étrangers. (Crédit : Anne Leclair)

Les étudiants internationaux paient jusqu’à 7,5 fois plus cher leurs droits de scolarité que les québécois. Ils ont parfois du mal à débourser ces montants, mais affluent dans les universités québécoises pour le plus grand bonheur du Québec, qui a besoin d’immigrants qualifiés. 

Le Canada séduit de plus en plus les étudiants étrangers. En février dernier, le ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney, annonçait que la barre des 100 000 étudiants étrangers demeurant au Canada avait été dépassée pour l’année 2012. Un record pour le pays, qui entend poursuivre une politique d’immigration favorisant l’obtention de visas étudiants.

Selon un rapport officiel publié en 2011 par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, les étudiants étrangers rapportent plus de 8 milliards de dollars par année à l’économie canadienne.

Ententes

Les droits de scolarités dans les universités québécoises divergent selon le pays de provenance de l’étudiant. La majorité des pays francophones ont signé une entente avec le Québec permettant à leurs étudiants d’être exemptés des droits de scolarité supplémentaires. Ils paient donc les mêmes frais que les étudiants québécois, soient environ 1650 $ par trimestre, pour une inscription à temps plein.

Mais, pour les étudiants non exemptés du premier cycle, la facture est salée. Ils doivent débourser entre 13 500 et 16 500 $ par année, soit près de 7,5 fois plus que les autres étu- diants. Un montant qui est exigé à la fois par les universités francophones et anglophones. Les frais sont en effet fixés par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie.

La vice-présidente externe de l’association des étudiants des cycles supérieurs à l’Université de Concordia, Nadia Hausfather, rappelle que nombre d’étudiants non exemptés luttent pour s’en sortir financièrement. Avec son associa- tion, elle a organisé un « gigantesque câlin » pour attirer l’attention du public sur le sort des étudiants étrangers. « Un ami, dont la famille a récemment traversé une crise financière, doit 20 000 $ à Concordia, raconte-t-elle. Il ne peut plus payer ses droits de scolarité. » Un fait qui, selon elle, touche de plus en plus d’étudiants.

Nadia parle même d’une situation « surréaliste ». Elle a été jusqu’à soutenir financièrement plusieurs de ses amis étrangers. « J’ai prêté des montants de plus de 1 000 dollars à deux amis, confie-t-elle. Je suis étudiante et n’ai aucun revenu. Ça devient insoutenable pour moi comme pour eux. »

La coordonnatrice du Bureau des étudiants internationaux (BEI) de l’UdeM, Judith Beaulieu, a été amenée à aider des étudiants à trouver des prêts de dépannage pour payer leurs droits de scolarité. Mais, elle rappelle que c’est une minorité. « Pour venir étudier au Québec, il faut prouver qu’on a les ressources suffisantes, précise-t-elle. Dans la majorité des cas, les étudiants n’ont pas de problèmes financiers. »

De plus en plus nombreux

Les frais de scolarité élevés ne découragent pourtant pas les étudiants étrangers de choi- sir le Québec. Le BEI constate d’année en année une forte hausse d’étudiants étrangers qui viennent étudier à l’UdeM. Leur nombre est passé de 4 000 à 4 500 entre l’hiver 2011 et l’hiver dernier.

Le professeur en économie à l’UdeM Claude Montmarquette qualifie de grande avancée le bénéfice que représentent les étudiants inter- nationaux pour le Québec. Près de 30 % de ceux qui viennent étudier au Québec finissent par y immigrer après l’obtention de leur diplôme. «Ces jeunes qui ont un diplôme canadien s’intègrent beaucoup mieux sur le marché du travail que lorsqu’ils arrivent avec un diplôme étranger », estime M. Montmarquette.

Pour le professeur, l’intérêt économique de ces nouveaux venus est évident pour le Québec. « La région connaît un déclin démographique où la main-d’œuvre qualifiée va nous manquer à très court terme, rappelle-t-il. L’économie du Québec aura besoin d’une immigration constante pour pouvoir renouveler et augmenter sa crois- sance économique. »

M. Montmarquette considère cependant que le système d’entente entre les pays exemptés et non exemptés présente des failles. « Certains étudiants, comme les Français [qui sont exemptés], nous coûtent très cher, explique- t-il. Il faudrait que cette politique relève du secteur de l’immigration et non pas du sec- teur de l’éducation, qui s’en retrouve affecté. »

En 2012, les universités québécoises ont attiré près de 10 000 étudiants français, contre 6 000 étudiants en 2006. Une hausse qui place la France au premier rang des étudiants étrangers à venir étudier et vivre au Québec. Puis, les États-Unis arrivent en deuxième position suivis de la Chine.