Figures de femmes

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Par Anouk Palvadeau
mercredi 5 octobre 2016
Figures de femmes
La doctorante en littératures de langue française Chloé Savoie-Bernard. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
La doctorante en littératures de langue française Chloé Savoie-Bernard. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Les Femmes Savantes, le nouveau livre de la doctorante en littératures de langue française de l’UdeM, Chloé Savoie-Bernard, est sorti en librairie le 21 septembre dernier. Grâce à ce recueil de nouvelles, elle renoue avec un genre qu’elle affectionne particulièrement.

Quartier Libre : Après avoir écrit le recueil de poèmes Royaume Scotch Tape, paru l’année dernière, tu as choisi de t’orienter vers la nouvelle. Qu’est-ce qui t’a poussée à changer de genre ?

Chloé Savoie-Bernard : Les femmes savantes est un projet que j’ai depuis très longtemps, certaines nouvelles ont été écrites avant les poèmes de Royaume Scotch Tape. J’ai commencé par écrire des histoires quand j’étais jeune, je suis retournée à ce que je faisais auparavant.

Q. L. : Tes nouvelles sont centrées sur la femme, qu’elle soit narratrice ou personnage principal, était-ce un choix ?

C. S.-B. : Mon premier recueil était uniquement sur des filles, l’idée de comment constituer une communauté au féminin malgré la solitude, m’obsède. Dans le cadre du doctorat, je travaille sur la poésie féministe moderne québécoise et ma pensée est très influencée par ces auteures que j’admire énormément. Elles ont pratiqué la poésie, mais ont aussi travaillé l’essai. Les deux formes dialoguent beaucoup et c’est aussi un chemin que je souhaite emprunter dans ma thèse.

Q. L. : Le féminisme, les relations amoureuses, l’autodestruction sont des sujets au centre de ton ouvrage, d’où te vient cette inspiration ?

C. S.-B. : Tout ça vient de moi, de mon rapport aux choses, de mon histoire personnelle, de celle de mon entourage. Je ne fais pas d’autofiction, mais j’assemble des bouts de mon histoire et celle de mes amis. Je pense que la construction de la personnalité se fait souvent dans la vérité, dans la dynamique du rapport aux autres. Aussi, les relations amoureuses sont souvent fondatrices, ce miroir de l’amour permet de revenir à soi, de creuser la personnalité, l’identité des personnages.

Q. L. : Tu utilises un langage cru et dur dans ton texte. Est-ce un moyen de faire réagir le lecteur ?

C. S.-B. : Je pense assez peu au lecteur quand j’écris. Ce n’est pas pour choquer, c’est juste la façon dont je parle, dont je réfléchis. La manière dont les personnages s’expriment selon la nouvelle devient révélatrice des personnalités. Je cherche juste une phrase qui coule, rythmée, sensible et cette sensibilité vient de pair avec ce langage.

Q. L : Quels sont tes prochains projets ?

C. S.-B. : Je suis partie sur deux projets collectifs pour 2017. Un recueil de nouvelles d’écrivaines autour de l’échec amoureux et l’autre sera un parrainage sur l’idée d’échange entre une écrivaine plus âgée, France Théoret, et une plus jeune. Et personnellement, j’ai un nouveau projet de roman sur le rapport à mon père immigrant, c’est un projet construit avec de la recherche concrète, historique.