Quel avenir pour la mobilité à Montréal ?

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Par Esther Thommeret
vendredi 4 décembre 2020
Quel avenir pour la mobilité à Montréal ?
La STM rapporte une baisse moyenne de 66 % de l’achalandage pour la semaine du 2 novembre. Crédit : Manny Fortin via Unsplash.
La STM rapporte une baisse moyenne de 66 % de l’achalandage pour la semaine du 2 novembre. Crédit : Manny Fortin via Unsplash.

En raison de la pandémie, les Québécois ressentent une méfiance généralisée envers les foules, et donc avec les transports partagés. Comment redéfinir ces lieux de transition afin de regagner leur confiance ?

« Pour la semaine du 2 novembre, nous notions encore une baisse moyenne de 66 % de l’achalandage dans nos réseaux, détaille la conseillère corporative en affaires publiques de la Société de transport de Montréal (STM), Amélie Régis. Pourtant, la santé publique a indiqué qu’aucune éclosion de la COVID-19 n’avait été liée à l’utilisation du transport collectif. »

Des citoyens réticents au transport collectif

La pandémie aura un effet sur la manière dont les Québécois vont se déplacer, et ce, sur le long terme, selon la doctorante à la Faculté de l’aménagement de l’UdeM et membre de la Chaire de recherche du Canada en urbanisation durable dans le Sud Global, Priscilla Dutra Dias Viola. « L’impact va être énorme, les gens vont changer leur manière de se déplacer, ils prendront moins l’autobus, affirme-t-elle. Ils sont moins à l’aise de prendre les transports collectifs, parce qu’ils ont peur. »

D’après la doctorante, repenser la mobilité afin que les Québécois soient plus à l’aise à l’avenir est possible, en adoptant des mesures sanitaires « sécuritaires » et « durables ».« Tout se joue sur la communication, explique-t-elle. Il faut montrer aux gens que les transports collectifs comme le REM, l’autobus ou le métro sont aussi sécuritaires et confortables que leur voiture. Si on n’agit pas, ils continueront à prendre celle-ci. » 

« C’est le moment d’oser tout changer »

« On peut profiter de cette période pendant laquelle les gens utilisent moins le système de transport en commun pour bonifier certaines mesures, repenser nos besoins et la manière de se déplacer, ajoute Priscilla. C’est le moment d’oser tout changer. »

Cette pandémie est une occasion, selon elle, de repenser la mobilité à Montréal. « Il faut s’assurer que les gens prennent les bonnes décisions sur la façon de se déplacer à l’avenir », poursuit-elle. Il faut profiter d’offrir plus de moyens de transport, qui ne sont ni la voiture ni le transport en commun. » Rendre la ville de Montréal plus adaptée aux piétons et aux cyclistes serait une première étape, selon la doctorante.

Prioriser le transport individuel non motorisé

Repenser la mobilité commencerait par des projets d’envergure comme le Réseau express vélo (REV). « C’est un projet bénéfique, encore en développement, une mesure de Smart City qui permet de devenir une ville durable », précise Priscilla. Ce projet, d’après elle, ne sera pas affecté par la COVID-19. « Plus de gens vont prendre le vélo, comme tous les autres transports individuels, déclare-t-elle. Là, on peut voir que ce réseau va être encore plus utilisé, comme c’est déjà le cas pour les parties déjà mises en place. »

D’après elle, Montréal devrait développer davantage de projets de ce type.

Les mesures de la STM

LA STM constate qu’actuellement, les Québécois prennent moins les transports collectifs. Pour lutter contre ces effets,elle concrétise son engagement pour assurer la sécurité de tous en adhérant à un nouveau programme.

 « Depuis le début de la pandémie, la STM est engagée à tout mettre en place pour contribuer à assurer la sécurité de son réseau de transport collectif, et ce, autant pour ses clients, pour ses employés que dans ses installations, peut-on lire dans un communiqué de la STM publié le 6 novembre dernier. C’est dans cette optique que la Société a adhéré à un nouveau programme mis en place par l’American Public Transportation Association (APTA), avec pour objectif de restaurer la confiance des clients pour les inciter à reprendre le transport collectif malgré la pandémie. »

Près de 200 sociétés de transport participent à ce projet, parmi lesquelles celles d’Ottawa, de New York, de Chicago et de Philadelphie. Les mesures visent notamment à désinfecter, à nettoyer et à ventiler les véhicules et installations, ainsi qu’à favoriser le respect de la distanciation physique et du port du couvre-visage. « La STM met toutes les mesures en place pour assurer un environnement sécuritaire comme la signalétique, des distributeurs de désinfectant à main dans les stations de métro, des panneaux de protection pour les chauffeurs, etc. »,assure Mme Régis.

D’après Priscilla, la pandémie n’affectera pas des projets de transports collectifs de grande envergure comme le REM. « On a encore quelques années pour que tout puisse être adapté, avant que les gens commencent à prendre le REM, et je ne pense pas que ça va vraiment affecter le développement du projet et son arrivée en 2022conclut-elle. Mais le transport en commun auquel on pense va changer, on aura toujours des mesures de distanciations sociales, peut-être le port du masque. »