Selon le recteur, la construction de nouvelles résidences sur le campus n’est pas pour demain. Il a cependant évoqué des solutions sur lesquelles mise l’Université pour pallier le manque de logements étudiants.
« Nous sommes, en quelque sorte, nous aussi victimes d’une crise du logement, avec un manque d’investissement criant sur les mises en chantier pour le logement abordable », a expliqué le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, en réponse à une question sur les solutions avancées par l’Université pour permettre aux étudiant·e·s de se loger. En effet, la communauté étudiante est frappée de plein fouet par le manque de logements abordables dans la métropole, et les résidences étudiantes de l’UdeM ne parviennent pas à répondre à la demande.
Les résidences ZUM de l’Université disposent de 1119 chambres pour une communauté étudiante rassemblant plus de 67 000 membres. De plus, les tours vieillissantes nécessiteraient des travaux de rénovation que l’Université ne peut pas financer actuellement. « Les rénovations, il va falloir les faire, et là, on parle de dizaines de millions de dollars », poursuit M. Jutras, qui précise que l’Université va continuer à se concentrer sur les travaux déjà en cours aux pavillons Roger-Gaudry et Marie-Victorin.
Conçues au moment de leur construction pour répondre à la demande de la population étudiante de l’époque, les chambres individuelles et relativement exiguës, avec salle de bain et toilettes partagées à chaque étage, ne correspondent plus aux besoins actuels. Par exemple, l’augmentation du nombre de parents étudiant·e·s nécessite une réponse adaptée en matière de logement. Malgré ces inconvénients, la demande est en hausse année après année. « Ce n’est pas l’idéal, mais ce n’est vraiment pas cher, et il y a 2 000 personnes sur la liste d’attente », ajoute le recteur.
La construction de nouvelles résidences à l’Université n’est toutefois pas à l’ordre du jour, « à moins [que l’UdeM] reçoive des enveloppes extraordinaires ». De plus, la situation géographique de l’établissement ne permet pas d’envisager la construction de nouvelles résidences sur ses campus. « Toutes les universités ont leurs défis à ce niveau-là, indique M. Jutras. Nous, nous sommes dans un environnement urbain, sur un campus où nous ne pouvons pas construire, car il n’y a plus de place sur la montagne et que les espaces du campus MIL sont réservés à la construction de pavillons destinés à notre activité pédagogique. »
La récente construction du campus MIL n’aurait-elle d’ailleurs pas pu servir à agrandir le parc de logements de l’UdeM ? Si 1 058 résidences étaient prévues dans les plans initiaux, elles ont rapidement disparu du projet, comme le mentionnait Quartier Libre dans un article publié en 2021. M. Jutras n’était pas alors recteur, mais il assure qu’il aurait pris la même décision. « Je pense que ce n’était pas une solution viable pour l’Université de construire des résidences, estime-t-il. C’était plus intelligent de céder ces terrains avec l’obligation de construire un pourcentage de logements sociaux. »
L’UdeM privilégie ainsi la collaboration avec d’autres acteurs de la société civile, comme l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), dont elle est membre depuis le début de l’année 2024, ou encore le projet de requalification de l’ancien hôpital Royal-Victoria en cité étudiante de plus de 1 000 logements. L’Université mène également une activité de lobbyisme en faveur du développement de logements étudiants.
« Pour nous, la solution réaliste est de participer à la croissance du logement social, du logement étudiant », explique M. Jutras.
Solutions créatives
Le recteur met également en avant les solutions créatives que l’UdeM a pu déployer ces dernières années. L’Université a ainsi noué un partenariat avec la résidence pour aîné·e·s (RPA) Manoir Outremont pour y loger plusieurs étudiantes ukrainiennes réfugiées à Montréal.
Ce type de collaboration pourrait de nouveau voir le jour à l’avenir, l’établissement étant en discussion avec plusieurs autres RPA.
L’hébergement par des employé·e·s de l’Université constitue une autre solution imaginée par l’équipe du logement hors campus des Services à la vie étudiante (SVÉ). Celle-ci encourage ainsi les membres du personnel qui auraient une chambre inutilisée à la mettre en location pendant l’année universitaire dans le but de créer des solutions supplémentaires de logement pour les étudiant·e·s. Les SVÉ ont lancé un appel le 25 avril dernier pour une expérimentation du dispositif à partir de la rentrée de septembre prochain. « Il y a des options comme ça, où on peut être créatif et profiter des espaces inutilisés », souligne le recteur.