Le 24 février dernier, Guy Breton a été réélu à la tête de l’UdeM, à la suite d’un vote unanime du Conseil de l’Université.
Étant donné les statuts et règlements, M. Breton n’a pas eu à faire l’objet d’un vote de l’Assemblée universitaire et aucun autre candidat n’a pu se présenter contre le recteur sortant. Selon plusieurs membres de la communauté universitaire, dont la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), le processus de nomination du recteur devrait être changé à même la Charte de l’Université (p. 10).
Cette Charte, modifiée pour la dernière fois en 1967, gagnerait probablement à être révisée et c’est pourquoi la FAÉCUM tente de faire pression auprès du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et des Technologies pour que celle-ci soit amendée.
Il suffit de rappeler que deux des 25 représentants du Conseil de l’Université sont nommés par l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, pour montrer le caractère plutôt ancien de la Charte. Il s’agit d’ailleurs du même nombre de représentants des étudiants sur ce même Conseil. Les universités sont parfois très contradictoires. Elles abritent à la fois les intellectuels les plus progressistes de notre temps, tout en restant très attachées à leurs traditions.
Mgr Lépine occupe à l’UdeM le rôle de modérateur des facultés ecclésiastiques. Cet honneur lui revient puisque la Faculté de théologie et des sciences des religions a été érigée de façon canonique dans les années 1920 et l’est toujours. Christian Lépine est en charge de nommer les officiers de cette faculté. Toutefois, les personnes nommées au Conseil de l’Université par l’archevêque sont d’anciens hommes d’affaires et non des religieux: Jacques Gaumond, connu pour son passage chez Bell Canada et Robert Panet-Raymond, ancien président des Rôtisseries St-Hubert.
Cette situation assez étrange qui fait qu’un ecclésiastique désigne des hommes d’affaires pour le représenter montre un certain décalage entre ce qui est écrit dans la Charte de l’Université et son application dans la réalité actuelle.
En retard?
Cependant, l’âge avancé d’une université n’est pas nécessairement synonyme de traditionalisme. À la lecture des chartes de plusieurs autres universités (p. 10-11), nous constatons que des universités fondées récemment comme Concordia (créée en 1974) ont un processus encore plus fermé que celui de l’UdeM.
À l’inverse, la plus vieille institution supérieure francophone d’Amérique du nord, l’Université Laval, possède un vrai collège électoral où tous les membres de la communauté sont représentés. Cela n’a pas toujours été le cas. Le recteur n’y est élu que depuis 1972, alors que Larkin Kerwin devient son premier dirigeant laïc.
Si la FAÉCUM réussit à convaincre le prochain gouvernement provincial de modifier la Charte de l’UdeM, il serait peut-être bon que celle-ci suive une cure de rajeunissement majeure. Plusieurs points rédigés dans ce document, autres que le processus de nomination du recteur, semblent caduques. Rappelons également que selon sa Charte l’UdeM a le droit d’«exproprier, dans un rayon de deux milles de son centre administratif actuel, tout immeuble ou droit réel, en observant les prescriptions du Code de procédure civile en matière d’expropriation».
À l’instar d’autres universités, l’Assemblée universitaire pourrait inclure davantage d’étudiants et posséder plus de pouvoirs décisionnels. À l’heure actuelle, celle-ci définit les grandes lignes directrices, mais les décisions finales sont prises par le Conseil de l’Université. Ce dernier pourrait aussi être réformé pour inclure une majorité de membres de la communauté universitaire. Les administrateurs ont beau avoir le rayonnement de l’Université à cœur, ils sont beaucoup moins près de la réalité udemienne que les professeurs, les étudiants, les employés de services ou les cadres.
Il faut profiter de l’ouverture du débat qu’a créé la reconduction du mandat de Guy Breton jusqu’en 2020 pour réfléchir aux autres failles de la Charte.