Volume 24

Illustration : Adriane Paquin-Côté.

Une rentrée… sans psy

Ça y est, c’est la rentrée !

Nouvelle année scolaire, nouveaux agendas, nouveaux cahiers ou alors nouveaux gadgets technologiques. Une semaine d’activités organisées par le Salon Uatik des étudiants autochtones a pris place sur le campus pour la première fois, preuve que l’Université s’intéresse de plus en plus aux réalités des Premières Nations. Des médaillées olympiques vont nager avec les Carabins. Une agora, imaginée par un groupe d’étudiants, va bientôt voir le jour sur le site du futur campus Outremont. En somme, une belle rentrée. Et une belle année en perspective.

Pourtant, c’est une rentrée bien particulière pour quelques centaines d’étudiants québécois. Les doctorants en psychologie. Eux, qui avaient annoncé le boycottage de leurs internats et stages pour le 1er septembre. En mars dernier, Quartier Libre se demandait si la rentrée d’automne se ferait sans psychologue. Sans réponse claire du gouvernement, la réponse semble bien être oui. Et la mobilisation continue. La semaine dernière, les membres de l’Association des étudiants aux cycles supérieurs en psychologie de l’UdeM (AÉCSPUM) se sont prononcés à 77 % en faveur du boycottage.

Malgré le début des pourparlers entre le ministre de la Santé et des services sociaux, Gaétan Barrette, et la Fédération interuniversitaire des doctorants en psychologie du Québec (FIDEP).

Malgré la commande de la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, au docteur Luc Granger d’un rapport sur la question (qui d’ailleurs ne sera disponible qu’à la mi-octobre…).

Malgré cela, la situation est toujours bloquée, neuf mois après l’annonce du boycottage.

« Toutes les universités francophones du Québec offrant des programmes de psychologie ou de neuropsychologie et membres de la FIDEP sont désormais en boycottage, à la fois des stages et des internats », résume la Fédération sur son site Web. Soit 700 doctorants, dont le travail permet à quelques milliers de Québécois de recevoir des services liés à la santé mentale.

En dépit de ça, Québec semble toujours penser que la santé mentale est moins importante que la santé physique. Et pourtant !

Illustration : Adriane Paquin-Côté
Illustration : Adriane Paquin-Côté

Un problème plus grave

Il y a d’abord les effets directs du boycottage. Le rallongement des listes d’attente, déjà grandes, pour consulter un psychologue. Au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP), exclusivement réservé aux étudiants de l’UdeM, c’est un minimum de trois mois d’attente pour pouvoir faire une psychothérapie. Sinon, il faut se tourner vers le privé…

Mais, il faut aussi prendre en compte les effets dû à l’absence de rémunération des doctorants. Les payer ne permet pas seulement de réduire leur taux d’endettement – dont la moyenne est estimée à 21 023 $ (1) – à l’issue de leur formation. Le problème est bien plus large. Depuis quelques années, le Québec connait une pénurie de psychologues. Et rien n’est fait pour retenir ces étudiants dans le service public.

Une fois leur internat non rémunéré terminé, les nouveaux psychologues voudront-ils se tourner vers le service public ? La réponse est non ou presque. Dans les faits, seulement 25 % des nouveaux diplômés en psychologie y restent (2).

Et comme les internes québécois en psychologie sont les seuls au Canada à ne pas être rémunérés pendant cette année où ils travaillent à temps plein, il y a de quoi être tenté de changer de province. Résultats : des postes vacants, des listes d’attente toujours plus longues dans le réseau public et une détérioration des conditions de santé mentale des Québécois.

Alors, mesdames et messieurs les ministres, avez-vous vraiment besoin d’un rapport pour offrir quelques sous à nos futurs psychologues ?

 

1. Selon le rapport 1 « Étude sur les conditions académique, économique et professionnelle des doctorants en psychologie » de la FIDEP.
2. Selon l’Association des psychologues du Québec.

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