Titre Manquant

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Par Sarah Maquet
lundi 31 janvier 2011
Titre Manquant

Le Festival international du film ethnographique du Québec s’est terminé samedi à l’UdeM. Pour sa 8e édition, le Festival, créé par des étudiants en anthropologie, s’est révélé à la hauteur de ses ambitions puisqu’il a su intéresser un large public aux questions actuelles qui entourent l’Homme.

De prime abord, le communiqué du Festival laisse perplexe: «Le film ethnographique se distingue des autres types de documentaires par le souci qu’il accorde à la façon de rendre le plus fidèlement possible la parole, les actions, les coutumes, les événements, les rituels des différents acteurs, groupes et communautés.» Et dans l’amphithéâtre 1120 de la Faculté de l’aménagement, une partie du public semble d’ailleurs un peu craintive. Elle entre lentement, déambule un peu et finit par se décider pour un siège.

Les deux premiers documentaires de la journée ont pour thème «pétrir la terre». La lumière s’éteint et, rapidement, les 20 personnes de l’assistance se retrouvent au Cambodge. Madame Khnat prend le spectateur par la main et lui enseigne son savoir-faire ancestral en matière de poterie. La vieille dame travaille seule; le temps semble suspendu. Elle fabrique ses 20 pots quotidiens en souriant. Ce documentaire français de Delphine Moreau donne la première image de l’ailleurs, de cet autre que les ethnologues et archéologues n’ont de cesse de rencontrer et de tenter de comprendre.

La journée est dédiée au voyage: du Cambodge, le spectateur déménage au Burkina Faso. En début d’après-midi, c’est à Cuba que le Festival s’arrête afin de donner une image de la jeunesse de ce pays, désillusionnée et ne rêvant que de l’étranger. Encore un ailleurs, cette fois idéalisé pour avoir été tant de fois imaginé.

Au long de la journée, le nombre de spectateurs ne cesse d’augmenter, pour le plus grand plaisir de Chantal Renaud, coordonnatrice du Festival: «On essaye d’aller chercher les curieux dans le grand public, car ce Festival ouvre les esprits. On donne le moins possible nos interprétations aux documentaires, car on respecte ce que le réalisateur a voulu donner à voir, que ce soit très explicatif, ou sans paroles.»

Les universités McGill et Concordia font aussi partie de cette aventure anthropologique. L’année dernière, 400 personnes ont assisté au Festival et la moitié venait de l’extérieur du monde universitaire. Les documentaires sont présentés gratuitement, bien que le Festival ne fonctionne qu’avec un petit budget (environ 7 000$ pour quatre jours de projections dans les différents pôles universitaires). Les scénaristes, qui participent à des discussions après la projection de leur travail, sont tous là bénévolement. Chantal Renaud les en remercie d’ailleurs et insiste sur la qualité de leurs œuvres: «Des films comme ceux-là représentent des mois, des années de recherches et d’études en amont. Un documentaire classique ne peut parvenir à de telles images, car là, la caméra se fait oublier grâce au lien de confiance que l’ethnologue aura tissé avec son interlocuteur, à force de patience et de travail.»

Pour ceux qui ont manqué le Festival international du film ethnographique du Québec à Montréal, d’autres projections auront lieu à l’Université du Québec à Chicoutimi les 3 et 4 février. De plus, durant l’année, le RAV (Rencontres en anthropologie visuelle) diffuse également des documentaires ethnographiques suivis de débats. Ces activités ont lieu tous les jeudis au Pavillon Lionel-Groux de l’UdeM (renseignements sur leur page facebook).

Et pour se convaincre de l’importance de l’anthropologie pour tous et en tout temps, voici comment Antoine Spire, intellectuel français, définit cette matière: «L’objet premier de l’anthropologie est la relation entre l’un et l’autre, les uns et les autres. Elle se situe au confluent des histoires, au lieu des crises, au carrefour des doutes: la matière concrète du social et de l’individuel.»