Ode à la rampe du Futur

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Par Etienne Galarneau
vendredi 3 novembre 2017
Ode à la rampe du Futur
(Photo: Etienne Galarneau)
(Photo: Etienne Galarneau)
Nous sommes plusieurs sur le campus à avoir reçu avec enthousiasme l’annonce de l’ouverture de la rampe. Cet automne. Vous savez, LA fameuse rampe.

On nous l’avait d’abord annoncée pour septembre 2016. Puis, pour novembre 2016. Maintenant, pour novembre 2017.

Cet escalier et ce tapis roulant intérieur ont été la chute de nombreuses blagues au courant de la dernière année (voir ici). Dans son élocution annuelle, le recteur a parlé de l’automne, sans spécifier de date. Du côté de l’administration de l’UdeM, on nous dit un « novembre » vague, mais absolu.

Prendre la rampe. Mois de novembre. C’est rond en bouche, ça rime presque.

Interlude lyrique

« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. La rampe, en ce temps-là, nous permettait d’accrocher nos lilas jusque sous les fenêtres de Roger-Gaudry, cet humble immeuble qui nous servait de nid. Si d’autres pavillons comme le André-Aisenstadt et ses éternelles clôtures de sécurité ne payaient pas de mine, tu étais là pour nous guider en leur enceinte. C’est là qu’on s’est connus, moi, qui ne voulais pas monter à pied, et toi qui fonctionnait. Prendre la rampe. Prendre la rampe. Ça voulait dire : “On est heureux”. Prendre la rampe. Prendre la rampe. Mais nous n’allions qu’à un cours sur deux. »*

Retour en arrière

Cessons le lyrisme un instant. Je vais me permettre de proposer une voix divergente de celle de mes collègues. Je suis ravi que la rampe rouvre prochainement, mais surtout, qu’elle ait été fermée aussi longtemps. Parce qu’elle pouvait être dangereuse, maudite ! Le Journal de Montréal rapportait même, en février 2016, que des étudiants la surnommaient « Rampe du diable »** !

Il y a eu les fermetures liées à l’entretien, naturellement, mais la vraie de vraie, c’est celle de février 2016. Le tapis mobile descendant était fermé depuis décembre 2015, mais le tapis ascendant, lui, a clos quand l’ouvrier Éric Martel a perdu la vie. Il en effectuait l’entretien. Si la réfection des escaliers et de la rampe était déjà au programme, cet incident en a précipité la fermeture.

Des accidents de travail, ça arrive. Mais si on doit retenir une chose de cette histoire, c’est que l’accès que l’on avait était déjà désuet.

Prendre la rampe. Prendre la rampe. Sans pour autant qu’elle ne prenne de vies. Prendre la rampe. Prendre la rampe. Ça ne veut plus rien dire du tout.

Ce que j’aimerais le plus au monde, c’est que cette rampe neuve dont on rêve depuis des mois, c’est qu’elle soit sécuritaire, fonctionnelle, utilitaire et qu’elle vienne avec une odeur de voiture neuve. Si le retard vient d’un souci d’avoir des tapis mobiles à la fine pointe de la technologie et d’installer des coussins gonflables, alors je suis prêt à attendre une année de plus.

Évidemment, selon les informations dispensées par l’UdeM, le délai ne serait pas dû à une question de sécurité. Un communiqué datant du 7 avril 2017 étayait les complications reliées au chantier, notamment celle de l’installation de l’escalier central, dont chacun des six tronçons pèse plus de 10 000 kg. L’ajout de matériel pour leur mise en place et la gestion de chantier entourant ces procédures auraient ralenti les travaux, notamment celles reliées à la sécurité des ouvriers.

Si réellement, l’un des facteurs qui a ralenti l’ouverture de la rampe est celui de la sécurité des travailleuses et travailleurs, j’accueille cette information comme une bonne nouvelle. Et vivement le temps où les moins de 20 ans ne connaîtront pas les dangers de la « Rampe du diable ».

*Interprétation libre de « La Bohème », popularisée par Charles Aznavour.
 
**Selon l’article « Coincé dans la “Rampe du diable”, un travailleur perd la vie », 19 février 2016. Je n’ai aucun souvenir d’avoir entendu cette expression auparavant, mais je leur accorde le bénéfice du doute.