L’Université au Liban : Un pont entre l’Orient et l’Occident

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Par Paméla de Massias de Bonne
lundi 3 novembre 2014
L’Université au Liban : Un pont entre l’Orient et l’Occident
Située sur une falaise qui fait face à la mer Méditerranée, l’American University of Beirut est l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses universités du Liban.
Crédit photo : Flickr.com / Joi
Située sur une falaise qui fait face à la mer Méditerranée, l’American University of Beirut est l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses universités du Liban.
Crédit photo : Flickr.com / Joi
Quartier Libre fait voyager ses lecteurs aux quatre coins de la planète dans une série d’articles qui leur fait découvrir les universités d’ailleurs. Ce numéro-ci : le Liban Avec plus d’une trentaine d’universités, dont plusieurs très prestigieuses, le Liban offre un système éducatif diversifié et influencé par les modèles étrangers. Tourné vers l’Occident, le pays agit comme un pont entre différentes cultures.

« Au Liban, le système universitaire est beaucoup plus rigide, raconte l’étudiante au baccalauréat en sciences écono­miques à l’UdeM Diana Aris, en échange pour la session d’automne à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Les règlements sont très stricts. »Il est par exemple interdit de mâcher de la gomme en classe, d’avoir son cellulaire et de prendre des notes sur son ordinateur portable sous peine d’expulsion.

L’étudiant au baccalauréat en anthropologie à l’UdeM Emmanuel Précourt Senécal, en échange pour une session à l’American University of Beirut, déplore ce système plus paternaliste que celui de l’UdeM.« Les professeurs vérifient nos devoirs en se promenant de bureau en bureau comme à l’école secondaire », illustre-t-il.

L’étudiant admet cependant avoir été impressionné par la qualité de l’enseignement.« Le niveau est plus élevé que ce à quoi je m’attendais, précise-t-il. Les cours sont encore plus basés sur les lectures qu’à l’UdeM. Je n’ai jamais autant lu de ma vie. »

Le système universitaire à l’Université Saint-Joseph et à l’American University of Beirut est semblable à celui du Québec. Tout comme à l’UdeM, les deux étudiants ont une quinzaine d’heures de cours par semaine. Par contre, à la différence d’ici, le nombre d’étudiants par classe varie de sept à vingt personnes en fonction des matières. « Le petit nombre d’étudiants par classe fait que nos cours fonctionnent comme des séminaires », explique Emmanuel.

L’étudiant en anthropologie, qui souhaitait améliorer ses connaissances de l’arabe et avoir une meilleure compréhension des enjeux qui touchent le Liban, a cinq professeurs de nationalités différentes, soit un Français, un Anglais, une Américaine, une Libanaise et une Iranienne. « Cela créé une dynamique vraiment plus intéressante », estime-t-il.

Très peu d’étudiants étrangers choisissent les universités arabophones en raison de la barrière de la langue. « La plupart se tournent vers les universités anglophones et francophones étant donné leur réputation internationale et leur ancienneté, comme l’American University of Beirut mise sur pied en 1866 par des missionnaires protestants, ou encore l’Université Saint-Joseph fondée en 1870 par des pères jésuites », souligne le professeur au Département de science politique de l’UdeM Jean-Philippe Thérien.

Pour les étudiants libanais, toutefois, la situation est différente. « Les universités les plus populaires sont arabophones et affichent leur couleur politique, ajoute Jean-Philippe Thérien. Le Liban est un pays complexe, divisé culturellement, religieusement et socialement, et les universités libanaises reflètent les clivages politiques. »

Diana Aris et Emmanuel Précourt Senécal, qui avaient déjà effectué de nombreux voyages au Liban, n’ont pas eu de choc culturel. Leurs relations avec les autres étudiants sont cordiales, même si pour Emmanuel, il est un peu plus difficile d’être intégré dans des groupes déjà bien formés.

« Les étudiants qui effectuent un échange au Liban bénéficieront d’une proximité significative avec les événements les plus importants et profiteront de l’expérience des professeurs qui vivent au quotidien la réalité du Moyen-Orient » , soutient le professeur au Départe­ment de science politique de l’Université Laval Francesco Cavatorta.

La prédominance du secteur privé

Alors que la population du Liban est de 4,5 millions d’habitants, soit la moitié de celle du Québec, le nombre d’universités y est beaucoup plus élevé qu’ici. « Au fil des années, tout un réseau d’instituts privés s’est développé,analyse Jean-Philippe Thérien. À cause de cette très grande diversité, la qualité de l’enseignement varie beaucoup en fonction des établissements. Les ressources sont souvent limitées et les professeurs sont moins disponibles. »

Les universités privées ont plus que jamais la cote auprès des étudiants. « L’enseignement y est très bon, déclare Emmanuel. Je recommanderais la plupart de mes cours s’ils se donnaient à l’UdeM. » Le Liban est le premier pays arabe à avoir mis en pratique un enseignement universitaire moderne, à la fin du XIXe siècle.