Identité de genre: pour une université inclusive

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Par Administrateur
vendredi 14 février 2014
Identité de genre: pour une université inclusive

Les difficultés que vivent les personnes trans* [Note de l’auteure : terme désignant les personnes transgenres, transsexuelles ou genderqueer] sont nombreuses et variées. Elles sont massivement plus nombreuses que les autres à être victimes de discrimination, à subir de la violence, à vivre dans la pauvreté. D’après une étude de 2010 du National Center for Transgender Equality, 41% des personnes transgenres ont déjà tenté de se suicider. Elles vivent aussi un grand nombre de difficultés quotidiennes sur le campus qui peuvent être résolues sans problème.

L’une des mesures les plus importantes pour les étudiants trans* serait la possibilité de se voir reconnaître leur nom usuel, c’est-à-dire celui qui correspond à leur identité. Or, alors qu’on peut facilement commencer à utiliser un nouveau nom au quotidien, la procédure légale de changement de nom auprès du Registraire de l’état civil n’est ni simple, ni gratuite, ni rapide.

Certaines personnes trans* vivent au quotidien dans leur genre cible sans avoir complété la démarche légale. Pour elles, être associées à leur ancien nom – lorsqu’elles montrent leur carte étudiante à la bibliothèque ou pour leurs examens, lorsqu’elles communiquent en utilisant leur adresse institutionnelle ou l’environnement StudiUM, lorsqu’un professeur fait l’appel des noms avec la liste de classe, etc. – est non seulement désagréable en soi, mais peut aussi révéler leur statut de personnes trans* et les exposer à la marginalisation et à la discrimination.

Deux universités montréalaises offrent déjà cet accommodement. À Concordia, depuis 2012, on peut obtenir l’usage d’un nom préféré sur sa carte étudiante, sur les listes de classe et sur son horaire en contactant un administrateur. McGill a suivi le pas en 2013. Là, il suffit de fournir un nom préféré sur la plate-forme en ligne Minerva. Dans les deux cas, le nom légal est conservé dans certains documents plus officiels (diplômes, relevés de notes, etc.).

À l’UdeM, le système Synchro semble tout à fait capable de gérer plusieurs noms. On dirait même que l’Université a volontairement (et imparfaitement) décidé de ne pas utiliser ces fonctionnalités. Le résultat est kafkaïen. Sous Données personnelles Noms, on dispose de deux prénoms, d’un nom légal et d’un nom primaire, et un bouton Ajout Nom semble indiquer qu’il est possible de fournir un nom différent. Il n’en est rien: on ne peut pas ajouter de nom ni modifier ceux qui existent. De même, lorsqu’on remplit une nouvelle demande d’admission, le système offre l’option d’entrer un nom usuel et un nom légal, et la demande complétée comprend deux cases différentes pour le nom usuel et le nom légal – mais, comble de l’absurdité, seul le nom légal est enregistré et répété dans les deux cases, peu importe ce que l’on avait inscrit plus tôt.

La raison de ces difficultés n’est pas une volonté générale de marginaliser les personnes transgenres. En fait, le personnel et les étudiants de l’Université sont dans l’ensemble respectueux et accueillants, mais l’institution ne l’est pas. C’est donc à nous – à tous – de la changer, de militer pour une université plus inclusive.

CAROLINE TROTTIER-GASCON
Étudiante en histoire