De vive voix

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Par Hélène Poulain
lundi 18 mars 2019
De vive voix
Les dix candidats ont suivi une série de formations au cours de l'hiver afin de préparer la finale (Crédit Ha-Loan Phan).
Les dix candidats ont suivi une série de formations au cours de l'hiver afin de préparer la finale (Crédit Ha-Loan Phan).
Des étudiants de l’UdeM tenteront de défendre la langue française lors de la finale du concours « Délie ta langue », le 20 mars prochain. Pour participer, ces orateurs ont choisi une expression et l’ont rattachée à un enjeu social contemporain. Quartier Libre s’est entretenu avec quatre des dix finalistes pour décrypter leur choix.

« Tous les chemins mènent à Rome »

Noémie Lefebvre Étudiante au baccalauréat en enseignement du français en langue seconde

Cette expression évoque, selon moi, la persévérance. Il y a plusieurs façons d’atteindre un objectif, et non un seul et même chemin. C’est inspirant pour les personnes qui ont un rêve et un idéal, car cette expression signifie que ce n’est pas un problème de choisir un chemin différent ; on peut tous atteindre nos objectifs à notre rythme et en passant par des étapes spécifiques.

J’ai choisi d’aborder les problématiques environnementales, car je me sens particulièrement concernée par cet enjeu social. Avec le mouvement étudiant et la grève du 15 mars(1) qui arrive, je trouve essentiel de mettre l’accent sur l’importance d’engager des démarches pour améliorer le sort de notre planète. C’est un enjeu collectif. Nous sommes tous dans le même bateau d’un point de vue environnemental. Nous partageons tous la même planète. Je veux toucher les personnes afin qu’elles prennent conscience qu’elles aussi, elles sont en mesure de changer les choses. Nous sommes tous concernés pour améliorer nos habitudes.

1. Première journée de grève étudiante pour le climat tenue au Québec, organisée par le collectif La Planète s’invite à l’Université.

« Bonnet blanc et blanc bonnet »

Maroie Lamkinsi Étudiante au baccalauréat de droit

On l’utilise pour désigner des choses présentées comme différentes, mais qui sont en réalité très similaires. L’expression m’a beaucoup inspirée pour défendre un enjeu actuel qui me tient à cœur : les politiques de laïcité. Le gouvernement veut instaurer une certaine politique de laïcité pour les agents de l’État en position d’autorité(2), en utilisant des termes tels que « neutralité » ou « impartialité ». Il s’agit, selon moi, d’un simple jeu de mots. En pratique, la réalité sera bien différente, puisque certains signes ostentatoires seront considérés comme « patrimoine » ou « symbole historique » afin d’être préservés. En faisant d’un tel enjeu une priorité, le gouvernement dissimule, d’après moi, la marginalisation d’une minorité. Je vois dans cette politique le refus d’une certaine diversité. Ma question : neutralité ou recherche d’uniformité ? Pour moi, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

2. François Legault évoquait la détermination de la CAQ à interdire tout port de signe religieux par les personnes en position d’autorité, lors d’une entrevue à TVA Nouvelles pendant la campagne électorale provinciale.

« Tourner le fer dans la plaie »

Frédéric Tremblay Étudiant au doctorat de 1er cycle en médecine

Elle exprime le fait d’insister volontairement sur un sujet douloureux, dans le but de faire mal à quelqu’un. L’expression trouve son origine dans le fer rouge utilisé à une certaine époque pour marquer les prisonniers.

Dans mon cas, je l’utilise afin de faire une critique de la critique de la rectitude politique, qui, à mon sens, est trop souvent prise pour de la langue de bois ou de l’hypocrisie. Pour moi, il s’agit avant tout de considérer les effets que peuvent avoir les mots, car ces derniers peuvent être destructeurs. Je défends ainsi l’importance de peser nos paroles, dans le but de ne pas blesser. À l’aide de quelques exemples contemporains comme #moiaussi ou encore l’utilisation de pronoms neutres, je tente de recentrer le débat en affirmant que tous les sujets doivent être abordés, mais qu’ils peuvent l’être de façon plus intelligente.

« Lever le voile »

Mathieu Canuel Étudiant au baccalauréat en droit

Cette expression évoque l’action de révéler ce qui était caché et de présenter un enjeu qui n’était pas à la vue de tous. Elle me représente bien, car lever le voile sur certains enjeux sociaux est essentiel à mes yeux, la politique étant l’un de mes principaux centres d’intérêt.

À travers ce concours, je cherche à défendre la liberté des femmes quant à leur décision de porter le voile ou non. Je souhaite encourager les autres à ne pas stigmatiser les femmes sous prétexte qu’elles le portent. Je ne suis pas musulman moi-même, mais cet enjeu m’a réellement touché ces dernières années.

C’est un débat important qui revient régulièrement dans l’actualité. Je trouve cela très ironique de forcer les femmes à retirer leurs voiles pour dénoncer le fait qu’elles puissent être contraintes de le porter. Ce que je défends, c’est la liberté de choix pour les femmes musulmanes.