Volume 24

Crédit photo : Marie Isabelle Rochon.

Développer la ville du futur

L’Organisation mondiale de la santé estime que sept personnes sur dix vivront en zones urbaines d’ici 2050. Cette densification du territoire implique de nouveaux défis pour les villes afin de maintenir la qualité des services, l’objectif même d’une « ville intelligente ». Innovation collaborative, technologies de pointe, audace et créativité de ses citoyens, voilà ce qu’il faut pour bâtir la ville de demain. « L’idée est d’abord de se demander comment les citoyens consomment leur ville, ce qu’ils en pensent, explique la directrice générale de l’incubateur de jeunes entreprises innovantes InnoCité Montréal, Béatrice Couture. Ensuite, à partir de données concrètes sur le terrain, nous décidons, créons et planifions des solutions. »

Une métropole intelligente tend à connecter entre eux les objets de l’environnement urbain pour qu’ils soient non seulement autonomes, mais alignés avec le bien commun des citoyens. Si Montréal est déjà citée comme chef de file pour son intelligence par l’entreprise britannique spécialisée en publications sur l’éducation Quacquarelli Symonds, les initiatives commencent tout juste à prendre place dans la métropole québécoise. La Ville a inauguré en 2014 une plateforme permettant aux citoyens de partager leurs idées et leur vision de la ville intelligente. Par exemple, une meilleure synchronisation des feux de circulation ou encore un système permettant la gestion du traffic de bus afin d’améliorer leur ponctualité et d’informer les citoyens des retards en temps réel.

Depuis les bancs d’école

« À travers le concept de ville intelligente, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication est centrale pour répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux », explique le professeur en urbanisme de la Faculté de l’aménagement de l’UdeM Paul Lewis. Il rappelle que Montréal possède, depuis deux ans, une politique de données ouvertes grâce à laquelle des informations comme la fréquentation des lieux et des réseaux routiers sont offerts aux citoyens.

Le développement d’une ville intelligente est notamment possible grâce aux nombreuses innovations proposées par ses étudiants et citoyens. L’entreprise Local Logic, appuyée par InnoCité Montréal, a mis au point une application qui combine des données comme le bruit, la circulation ou le nombre d’espaces verts de différents quartiers pour y évaluer la qualité de vie. « C’est fort utile pour un citoyen qui souhaite se repérer dans une ville qu’il ne connaît pas », raconte le cofondateur de Local Logic et étudiant au DESS en développement durable à HEC, Gabriel Damant-Sirois. L’Université Concordia, par exemple, utilise les services de Local Logic pour aider les étudiants à choisir un appartement près de leur campus.

Potloc, une plateforme en ligne qui permet de sonder les citoyens sur le type de commerce qu’ils voudraient voir dans leur quartier, est également le fruit d’une rencontre d’étudiants à HEC. « Les fondateurs cherchaient une solution aux locaux vacants des grandes artères commerciales, explique le chef de compte senior chez Potloc, Marc Obeid. Ils ont eu l’idée d’inviter les résidents du quartier à prendre un café dans un commerce vacant et de demander leur avis sur l’avenir de celui-ci. Ils avaient mis le doigt sur une solution pour redynamiser l’économie locale d’un quartier : consulter les citoyens ! » Le site a notamment permis de baisser le nombre de locaux vacants dans le Quartier latin. Nommée « Communauté intelligente de l’année » par le réseau de villes et de régions Intelligent Community Forum (ICF) au même rang que des villes comme New York, Stockholm et Singapour, Montréal semble être un terrain de jeu idéal pour les étudiants aux idées novatrices et les entreprises en démarrage.

Vers des campus intelligents ?

Créé par l’association entre l’École de technologie supérieure (ÉTS) et l’Université McGill, le Quartier de l’innovation existe au centre-ville depuis 2013. Situé près du campus de l’ÉTS, le Quartier de l’innovation travaille depuis quelque temps avec les entreprises Vidéotron et Ericsson à la création d’un laboratoire à ciel ouvert de vie intelligente qui sera inauguré au cours de cette année. « Différents objets sur le territoire pourront collecter des données, les analyser et surtout les utiliser pour gérer l’environnement urbain », révèle le directeur des communications du projet, Antoine Leduc. Par exemple, un lampadaire pouvant réduire son intensité lorsqu’il y a moins de circulation afin d’économiser son énergie. Même principe pour les trottoirs chauffants qui pourront s’ajuster automatiquement selon la température ambiante, le moment de la journée ou le nombre de passants. Ce concept de ville connectée sera d’abord testé dans les résidences étudiantes de l’ÉTS puis, potentiellement, dans les différents campus tels que l’Université Concordia, l’UQAM et McGill. « Beaucoup de projets sur lesquels nous travaillons proviennent directement des universités, des étudiants chercheurs, spécifie Antoine Leduc. On rencontre fréquemment des comités universitaires pour préparer nos prochaines collaborations. »

Seule université montréalaise absente du projet du Quartier de l’innovation, l’UdeM cherche à incarner les principes de la « ville intelligente », notamment sur le campus MIL. « Un comité a été mis en place et vient tout juste de commencer ses travaux à ce sujet », indique la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, sans donner plus de détails. Rappelons qu’à l’automne 2016, l’UdeM annonçait le début de la construction du nouveau campus MIL, situé dans Outremont.

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