VIH: des chercheurs de l’Université de Montréal traquent le virus

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Par Catherine Pelchat
vendredi 15 septembre 2023
VIH: des chercheurs de l'Université de Montréal traquent le virus
C’est le VIH qui engendre le syndrome de l’immunodéficience acquise, ou SIDA. Crédit : National Cancer Institute.
C’est le VIH qui engendre le syndrome de l’immunodéficience acquise, ou SIDA. Crédit : National Cancer Institute.
Le professeur Nicolas Chomont et la chercheuse doctorale Caroline Dufour de l’UdeM ont découvert certains des mécanismes par lesquels le virus demeure à ce jour quasi impossible à éradiquer.

Mortel jusqu’en 1996, le VIH est maintenant contrôlé chez ceux qui en sont atteints grâce à la trithérapie, qui leur permet de vivre une vie à peu près normale. Lors de prises de sang de routine, le virus est souvent à peu près indétectable et des analyses poussées sont nécessaires pour trouver des traces infimes de sa présence.

En revanche, la trithérapie n’élimine pas le VIH. Dès que les patients cessent de prendre leur médication, il reprend de la vigueur. Qu’il demeure tapi quelque part dans les tissus des patients est un fait connu, mais où ?

C’est à cette quête que se sont attelés les deux chercheurs du Département d’infectiologie, microbiologie et immunologie de l’UdeM Nicolas Chomont et Caroline Dufour. Une quête qui s’est révélée compliquée. «Dit simplement, on ne peut pas disséquer les patients vivants à des fins de recherche», résume M. Chomont. En association avec le consortium de recherche CanCARE, ils se sont inspirés d’un projet américain pour lequel des patients atteints du VIH faisaient don de leur corps, à leur décès, pour l’avancement de la recherche.

Grâce à deux patients canadiens qui ont accepté de léguer leur corps à la science, M. Chomont et Mme Dufour ont fait quelques découvertes importantes. D’abord, ils ont pu établir que la proportion de copies du virus suffisamment intactes pour pouvoir se répliquer varie grandement d’un patient à l’autre. Ils ont également constaté qu’il n’y a pas qu’un seul site qui recèle des copies du virus. Celui-ci peut se trouver dans la rate et dans les ganglions, des organes distants les uns des autres, révélant ainsi que loin d’être passif, il se déplace dans le corps.

Cette information est une excellente nouvelle, puisqu’en circulant, les cellules infectées deviennent par le fait même visibles par le système immunitaire, mais aussi par d’éventuels médicaments.

Récemment, des traitements très complexes ont permis à six personnes d’être considérées comme guéries, et deux autres semblent avoir éliminé le virus naturellement. La mise au point d’un remède accessible et définitif demeure néanmoins un grand défi scientifique.

Mme Dufour espère que leurs découvertes apporteront une pierre de plus à l’édifice. «On fait de plus en plus de liens, témoigne-t-elle. Notre recherche permet de voir que les patients sont très différents les uns des autres et qu’il faudra en tenir compte dans le traitement et dans la guérison.»

M. Chomont, qui étudie le virus depuis plus de 20 ans, voit le chemin parcouru. «Il y a 14 ans, il y avait zéro personne guérie du VIH sur la Terre, précise-t-il. Aujourd’hui, on est à huit. On sait désormais qu’il y a des moyens par lesquels la nature peut se débarrasser du virus. Il faut les comprendre et tenter de les reproduire.»