Culture

La représentation du 14 avril sera suivie d’un échange

Vies parallèles

«Motel de passage est un recueil de six pièces de George F. Walker [NDLR : auteur canadien anglophone contemporain], explique la metteure en scène, Kristelle Delorme. J’ai choisi d’en adapter deux pour pouvoir les jouer simultanément sur scène. » Les deux pièces se déroulent dans le même motel de banlieue, ce qui plante un décor commun. L’éclairage de la scène dirige tour à tour l’attention du spectateur sur l’une des deux chambres, chacune renfermant sa propre histoire. Seul le personnage du concierge circule entre les chambres, ce qui crée un lien entre deux univers qui ne se rencontrent jamais malgré leur proximité.

« J’ai pris des libertés avec le texte en réorganisant et en supprimant certains passages, affirme Kristelle. C’est une mise en scène particulière, mais nous avons beaucoup aimé travailler dessus. » L’une des histoires débute sur la liaison d’une avocate sans scrupules avec un policier. Celle-ci lui demande de l’aide pour innocenter une de ses clientes. Un enchaînement de situations se met en place et l’affaire dégénère. La pièce jouée en parallèle présente un couple de toxicomanes qui cherchent à tout prix à retrouver la garde de leur enfant et à reprendre le contrôle de leur vie.

Les comédiens ont travaillé sur une galerie de personnages, dont certains sont assez extrêmes. Kristelle a cherché à fournir la matière la plus foisonnante possible aux huit étudiants. « Jayne, mon personnage, est une avocate en droit criminel qui a perdu ses repères moraux, révèle la comédienne et étudiante à la maîtrise en philosophie Catherine Le Guerrier. Elle agit comme les gens avec lesquels elle travaille, qu’elle méprise pourtant. Elle a une logique différente de la mienne. C’est ce qui m’intéressait en particulier. » La sensualité et le caractère de Jayne constituent des défis à relever pour Catherine. « Dans trois scènes sur quatre, on me voit avec mon amant, sourit-elle. Il faut parfois s’oublier soi-même, mais Kristelle nous aide beaucoup à avancer. »

Depuis le début de l’année, les comédiens ont travaillé en alternance, à raison de quatre acteurs par histoire. « Nous avons travaillé séparément jusqu’à présent, comme deux troupes différentes, confie l’étudiant en baccalauréat en études cinématographiques Matéo Abelé. Pendant les dernières répétitions, nous allons découvrir leur histoire, que nous ne connaissons pas encore par cœur. » Il joue Max, le policier vulnérable. « Comme les deux pièces se passent plus ou moins en simultané, tout l’enjeu va être de trouver notre jeu et notre placement pendant que l’autre chambre joue. »

Dans les deux pièces, les personnages cherchent des moyens pour se tirer d’affaire qui ne sont pas forcément les meilleurs. Ce faisant, ils aggravent les choses et se retrouvent dans des situations tordues, voire cocasses. « Je suis attirée par les anti-héros et, surtout, l’hyper-réalisme, déclare la metteure en scène. C’est cela qui m’a plu, comme dans l’idée de représenter deux pièces au même endroit. » Outre leur histoire particulière, les personnages présentés dans ces récits parallèles ne souhaitent qu’une chose : rendre leur existence meilleure.

Motel de passage

14 et 15 avril | Centre d’essai de l’UdeM | Étudiants : 7 $

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