Culture

La chanteuse soprano Maria Bayo remporte en 2009 le Prix national de musique en Espagne. Le terme soprano désigne la catégorie de voix la plus élevée chez la femme et l'enfant. Crédit photo : Pixabay.com

VEUX-TU ALLER À L’OPÉRA?

«Ce n’est pas un art facile, explique France Boucher qui assiste régulièrement à ces soirées. Quand je viens ici, je réalise qu’on ne connait rien à l’opéra. » Son compagnon Jean-Claude Dufresne admet qu’il était réticent à l’opéra avant d’assister aux soirées Opéramania. « Ce n’est pas un art accessible facilement si on n’y a pas été introduit », affirme-t-il. Il ajoute avoir apprécié l’expérience offerte par Opéramania, notamment grâce à M. Veilleux. « Je suis plutôt intellectuel qu’émotif, donc, d’avoir les clés et comprendre dans quoi ça s’inscrit, c’est important », spécifie-t-il.

Lors de ces soirées, M. Veilleux projette différentes pièces d’opéra sur un écran géant, dans un amphithéâtre de l’UdeM. Afin d’initier le public à cet art lyrique, il explique avant sa diffusion le scénario de l’œuvre, la mise en scène, la production, les interprètes et la particularité de leur voix. Il évalue les acteurs et compare les choix de différents metteurs en scène pour une même œuvre. « Je prends la peine, à chaque fois, de tout expliquer, précise-t-il. J’amène aussi quelque chose de nouveau pour que tout le monde y trouve son compte. »

Mme Boucher souligne l’aspect formateur de ces soirées. « C’est une façon extraordinaire d’apprendre et de s’intéresser à l’opéra avec une personne aussi passionnée et intéressante », affirme-t-elle.

Le musicologue souligne que les soirées d’Opéramania s’adressent à tous les publics. S’il assure que celui d’opéra est varié, il admet que peu d’étudiants sont présents aux soirées. Selon lui, leur absence vient d’un possible manque de communication. Le doctorant en piano à la Faculté de musique de l’UdeM Medhi Ghazi abonde dans le même sens. « Je ne savais même pas qu’on y avait accès », avoue-t-il.

L’opéra comme un art accessible…

Questionné sur l’état actuel de cet art lyrique, M. Veilleux constate un renouvellement de l’opéra en général. « L’opéra de Montréal présente maintenant des spectacles contemporains, dit-il. Il semble qu’il y a beaucoup de jeunes parmi l’auditoire. Les œuvres sont plus actuelles et traitent de problématiques plus actuelles. » Selon lui, ce sont les thèmes abordés par l’opéra qui le rendent accessible. « On parle de grands sentiments : l’amour, la vengeance, la jalousie », énumère-t-il.

Il précise également que certains moyens techniques modernes tels que l’utilisation de sous-titres, qui surpasse l’obstacle de la langue, facilitent l’accès à l’opéra.

… mais pas pour tous

Pourtant, une autre habituée d’Opéramania, Louise Laurent, affirme que l’aspect financier est un obstacle pour les jeunes. « Les lieux dans lesquels les œuvres sont jouées sont des lieux très prestigieux, qui demandent un certain coût, déclare-t-elle. Je trouve ça élitiste, parce que ça coute très cher. »

Pour Medhi, l’opéra s’inscrit dans une double dimension. Selon lui, si sa représentation est parfois celle d’un art démodé et dépassé, parce qu’il est considéré comme un médium et une musique inscrits dans les attentes d’une autre époque.

Il pense qu’avec l’ère du numérique, la population n’a plus l’habitude de payer pour consommer de la musique. « De nos jours, on a tous les médias sociaux, Spotify, YouTube, tout est presque gratuit », développe-t-il. D’un autre côté, il maintient qu’une des propriétés de la musique est sa dimension universelle.

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