La communauté roumaine se mêle au paysage musical montréalais avec l’Orchestra Rapsodia Româna. Cette formation participe à l’intégration de la communauté dans la société canadienne, tout en affirmant son identité.
Dans le cadre de son travail de recherche, le diplômé de l’UdeM Sébastien Leblanc, titulaire d’une maîtrise en ethnomusicologie, s’est intéressé à l’Orchestra Rapsodia Româna. D’après lui, la pratique musicale est un facteur d’intégration des musiciens migrants à un nouvel environnement culturel. « Ça fait partie du processus d’intégration dans un autre pays, explique Sébastien. Il y a deux volets : on s’intègre à la société canadienne, on apprend la langue et la nouvelle culture, mais dans ce processus, il faut parfois se retourner vers soi-même et se retrouver. »
D’après le chef d’orchestre de l’Orchestra Rapsodia Româna, Nicolae Margineanu, l’envie de jouer répond à un besoin. C’est une façon pour les musiciens de retrouver une partie de ce qu’ils ont laissé derrière eux en quittant leur pays d’origine. « Jouer ensemble, ça a un impact positif, affirme-t-il. Ça permet à la communauté d’être plus unie : partir de la Roumanie, ça fait mal, et on la retrouve un peu en jouant ensemble. »
Pour Sébastien, le travail d’enquête réalisé auprès de la communauté roumaine doit s’étendre à l’ensemble des minorités présentes à Montréal. Comparer les pratiques musicales des différentes communautés permettrait de dégager des principes similaires en lien avec l’intégration des individus. « C’est un peu une perspective anthropologique, finalement », estime le chercheur. Selon lui, cette comparaison permettrait de comprendre ce que chaque communauté peut révéler de son rapport à l’autre et à une société.
Une pratique pédagogique
C’est en 1995 que M. Margineanu a fondé l’Orchestra Rapsodia Româna, à Montréal. Il se compose majoritairement de musiciens bénévoles issus de la communauté immigrée de la ville. « Ils travaillent hors du milieu musical, il y a des agents de sécurité ou d’autres personnes qui sont dans la construction », illustre M. Margineanu. Bien que l’ensemble soit composé de musiciens amateurs, le niveau de la formation pourrait, d’après le fondateur, se rapprocher de celui d’un orchestre professionnel.
Sébastien précise que les partitions mises à la disposition des musiciens comportent seulement un thème et une structure, rarement une orchestration complète. Le reste est à la discrétion du chef d’orchestre, et certains choix d’interprétation sont à faire lorsque la musique provient d’une région donnée et évoque une tradition particulière. « On travaille beaucoup à l’oreille », ajoute M. Margineanu.
Des concerts pour la communauté
L’Orchestra Rapsodia Româna donne chaque année deux ou trois concerts lors de grands galas, notamment à l’occasion de la fête nationale roumaine, le 1erdécembre.
Ces grands évènements sont l’occasion de toucher un public plus large que celui de la communauté roumaine. Sébastien souligne tout de même que la majorité des autres concerts ne s’organisent qu’avec une partie des musiciens et peu de promotion est assurée hors de la communauté. « Ce n’est pas nécessairement fermé, tout le monde est le bienvenu, mais l’objectif n’est pas de se présenter aux autres », détaille le chercheur, qui rappelle que celui-ci est d’unir la communauté.
M. Margineanu précise que pour les premiers concerts, au début de la formation de l’orchestre, la rémunération des musiciens se faisait uniquement grâce à la vente de billets. Avec le temps, il a trouvé des commanditaires qui lui ont permis de mieux les rémunérer. « Ces sponsors sont souvent des hommes d’affaires issus de la communauté roumaine de Montréal, souhaitant y faire vivre leur musique traditionnelle », détaille-t-il.