Le disulfirame est proposé sur le marché depuis 70 ans, et certaines de ses propriétés anti-cancer étaient connues, mais il est commercialisé sous forme de capsules. Celles-ci contiennent une concentration trop élevée du produit, qui, bien que tolérable chez l’adulte, peut induire de la toxicité chez les tout-petits.
La substance doit donc être reconditionnée avant d’envisager de l’administrer à des nourrissons. C’est ce qu’une équipe de 19 chercheur·euse·s du CHU Sainte-Justine et de l’UdeM a fait, sous la direction du professeur au Département de pharmacologie Noël Raynal.
Les scientifiques sont ainsi parvenus à développer une formule liquide du disulfirame, pourtant instable dans l’eau, et donc dans le sang. Pour ce faire, ils ont émulsifié le disulfirame, à savoir l’incorporer dans un mélange stable d’eau et d’huile de soja, qui peut être injecté par intraveineuse.
En dehors du cadre pharmacologique, ce procédé de l’émulsion est courant en cuisine, notamment dans la fabrication de la mayonnaise, qui allie eau et huile grâce au jaune d’œuf.
Le produit qu’a obtenu l’équipe de chercheur·euse·s a ensuite été administré à des souris atteintes de tumeurs de neuroblastome, dont les formes peuvent aussi toucher l’humain. Pour chacune des six variantes du cancer, la solution a saboté le fonctionnement de gènes responsables de la prolifération des cellules cancéreuses.
Les résultats préliminaires argumentent de plus en faveur de la réutilisation de médicaments existants pour soigner d’autres problèmes de santé. L’équipe scientifique précise que la reconversion est moins chère, plus rapide et plus sécuritaire que le développement d’un remède entièrement nouveau.
Dans ce second cas, avant d’être viable à des fins pédiatriques, le produit doit préalablement être approuvé pour usage clinique auprès de la population adulte.