Apprécié pour ses qualités esthétiques et la dose de nostalgie qui l’accompagne, le disque vinyle séduit également grâce à ses particularités sonores.
«Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce sont les petits défauts de l’enregistrement du disque vinyle qui séduisent, considère la professeure agrégée en acoustique, psychoacoustique et informatique musicale de la Faculté de musique de l’UdeM, Caroline Traube. Plusieurs considèrent que les petits craquements et crépitements que l’on entend sur ce support donnent une chaleur au son, tandis que l’enregistrement numérique rend le son plus froid, plus cristallin.»
Ces défauts propres au son du vinyle proviennent de son fonctionnement même. Chacune des surfaces du vinyle est recouverte de microsillons gravés en spirale. Pour procéder à l’écoute du disque, le bras du tourne-disque, auquel est fixée l’aiguille, y est déposé. C’est donc le frottement de l’aiguille contre le sillon qui permet l’écoute du disque. La vibration de l’aiguille est ensuite amplifiée pour le système de son et les haut-parleurs. Comme l’information musicale est directement emmagasinée sur le support, le son du disque vinyle est qualifié d’analogique. Une oreille attentive pourra d’ailleurs percevoir le son du disque sans même que l’amplificateur soit allumé.
De son côté, la musique sur CD est numérisée. «Le son numérique est une représentation du son analogique par suite d’une conversion, laquelle permet de stocker le son sur différents supports comme un CD, un serveur, un disque dur d’ordinateur ou un iPod», souligne Mme Traube.
Pour en faire la lecture, une lentille lumineuse balaie la surface du disque en rotation et lit les variations binaires gravées sur la surface du disque. L’appareil de lecture convertit ensuite ces données en un son analogique qui sera transmis par les haut-parleurs. «C’est une question de goût, estime la spécialiste en acoustique. Car ultimement, si on écoute un enregistrement sonore dans des conditions optimales sous leur forme analogique et numérique, les différences audibles sont très faibles. Il faut une oreille experte pour les différencier.»
Pour les passionnés, la force d’attraction du vinyle ne repose pas essentiellement sur ses caractéristiques sonores. «Personnellement, je remarque une certaine chaleur propre au son du vinyle, que j’apprécie, explique l’animateur de l’émission hebdomadaire De fil en vinyle à CISM, Julien Boumard-Coallier. Mais pour être franc, ce n’est pas si important pour moi. Ce qui m’attire, ce sont les découvertes qu’ils me permettent de faire, le retour dans le temps qu’ils proposent.» Un retour dans le passé qui séduit bien des nostalgiques ; le bon vieux microsillon est loin d’avoir dit son dernier mot.
Le vinyle en cinq dates
• 1888 : Emile Berliner conçoit le premier disque plat sur zinc, le 78 tours
• 1930 : RCA Victor crée le premier disque fait en vinyle, une matière plus flexible qui supplantera son prédécesseur, le shellac, après la seconde guerre mondiale.
• 1948 : Columbia invente le premier microsillon, aussi appelé long-jeu (lp), le 33 tours.
• 1949 : RCA Victor lance le 45 tours en réponse au long-jeu (lp) de columbia.
• 1988 : les ventes unitaires de disques compacts ont dépassé les ventes de vinyles.