Volume 26

Trouver chaussure à son pied

Changer d’appartement s’avère souvent un long périple. Et je ne parle pas ici du jour du déménagement, mais de ce qui le précède ! On commence par consulter des sites spécialisés ou à demander à son entourage. On effectue des visites qui nous donnent envie de déguerpir à peine le seuil franchi. On se décourage, on n’y croit plus. Et soudain il est là, on le tient, l’appartement idéal.

Des solutions à double tranchant

Alors pour s’éviter des problèmes, certains ont mis en place des pratiques, à l’image du swap (p. 12), un échange d’appartements entre deux locataires. Une solution qui a ses avantages et permet d’éviter l’inflation des loyers, comme l’explique Laurent Lévesque de l’UTILE*. Et dans le même temps, à travers ce système construit en réaction à un marché devenu de plus en plus compétitif, on se retrouve dans l’entre-soi, puisqu’il ne faut pas être naïf, le swap concerne généralement les appartements les plus convoités.

On a donc l’impression de revenir à des temps immémoriaux où le troc était la norme dans les échanges commerciaux. On s’échange des locations comme on échangeait des œufs contre du pain au Moyen-Âge. Mais si on n’a pas de bien à faire valoir, comment accéder aux logements les plus intéressants ? Alors ça crée des castes d’appartements intouchables, auxquels les moins bien lotis ne pourront jamais accéder. Une sorte de système féodal qui permet de garder tout le monde à sa place et rend l’ascension sociale presque impossible. Mais la vie n’est qu’un éternel recommencement, n’est-ce pas ?

Une question de choix

Une problématique à laquelle doivent faire face les étudiants, dont les finances ne permettent souvent pas de s’acquitter d’un loyer onéreux. Et ce n’est pas la localisation des universités montréalaises qui va les aider à trouver des aubaines.

En installant le campus MIL entre les quartiers Outremont et Parc-Extension, l’UdeM a fait le choix de la mobilité pour ses étudiants. Une décision louable puisque la plupart pourront facilement s’y rendre en métro ou en bus. Car nombre d’entre eux n’auront sûrement pas les finances pour habiter à proximité. Le loyer moyen à Outremont étant parmi les plus élevés à Montréal, et la superficie du quartier Parc-Extension n’offrant pas un large choix, la concurrence risque d’être féroce.

L’UdeM annonce que 30 % des 1 300 logements construits sur le futur campus seront abordables. Pour des logements consacrés aux étudiants, n’est-ce pas un pourcentage un peu faible ?

Un avenir qui s’assombrit

J’ai l’impression que la quête pour trouver l’endroit idéal va devenir de plus en plus compliquée. Avec un taux d’inoccupation atteignant les 1,9 % en octobre 2018 à Montréal, le spectre d’une crise du logement n’est plus très loin. Une situation qu’a déjà connue la ville en 2001. À l’époque, le taux d’inoccupation était descendu à 1,5 %, pas beaucoup moins qu’actuellement… Une situation qui avait poussé la mairie à héberger des familles en catastrophe, notamment dans des écoles.

J’ai moi-même pensé à déménager cette année, avant de faire marche arrière devant les témoignages de mon entourage et la difficulté des recherches. Une quête pour le logement idéal qui ressemble à un chemin de croix, entre les annonces qui reçoivent cinquante réponses en une heure et les propriétaires exigeants (et qui peuvent se permettre de l’être). En espérant que la situation s’inverse dans les prochains mois.

* Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant. 

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