Trois antiviraux musicaux en cette période froide
CHANSON POP : Marjorie Fiset – Janvier achève
Marjorie Fiset propose un premier album pop aux résonances de jazz et de soul. Janvier achève contient des compositions originales, mais aussi des reprises telles que «Sang d’encre» de Jean Leloup ou «J’ai demandé à la lune » du groupe français Indochine. La chanteuse s’approprie et interprète ces morceaux d’une manière si différente que seules les paroles nous indiquent qu’il s’agit d’une reprise. Janvier achève relate le thème de la transition de la mi-vingtaine. La chanteuse clame son besoin de l’autre et sa peur d’être seule. Les chansons ont parfois un rythme entraînant, d’autres fois relaxant grâce à la voix de l’interprète qui colle aux mélodies. L’ambiance intimiste de cet album rappelle les derniers albums hivernaux de Maryse Letarte. Lancement le 20 mars à la Sala Rossa, 4848, boulevard Saint- Laurent.
Écoute gratuite au marjoriefiset.bandcamp.com
COUNTRY TRASH : Coleraine – Live à la Taverne Jarry
« Coleraine, c’est comme de la tourtière ou du pâté chinois. C’est pas raffiné, mais c’est crissement réconfortant ! », affirme Hans « Eagle », le chanteur-batteur de Coleraine sur son site Bandcamp. Enregistrées devant public à la Taverne Jarry le 29 novembre 2011, les cinq chansons de l’album transmettent une énergie contagieuse à la manière de Bernard Adamus. Les textes simples abordent des thèmes country typiques, du refus de l’engagement aux histoires noyées dans l’alcool en passant par la rupture amoureuse. «J’en ai plein l’cul Monique, j’disparais», chante Hans en énumérant les déboires du couple, avant de conclure avec fatalité «T’as raison, chez le voisin, le gazon est plus vert». La chanson «Souvenirs d’Amos», reprise de WD- 40, révèle le côté cru du quintette et est acclamée par la foule, autrement bien discrète.
Offert au coleraine.bandcamp.com
HIP-HOP NÉO-FUNK : Monk.E et Ken-Lo – Mektoub revisité
Sur Mektoub revisité, le compositeur Ken-Lo propose une nouvelle version de l’un des albums les plus sous-estimés du hip-hop québécois : Entre Mektoub et autodestruction du rappeur Monk.E. Ken-Lo reprend les trames originales de 2008 et les transpose sur des sonorités soul néo-funk. Le tout étonne par sa saveur actuelle qui contraste avec les chansons originales, résolument old school. On redécouvre la poésie intelligente de Monk.E, qui rappe avec un ton posé et sincère. « Je défends les racines, mais j’aime le tronc de l’arbre aussi. Hip-hop jusqu’à la moelle épinière, j’ai pu peur du succès », chante-t-il sur Né au Bronx. Les textes truffés de questionnements existentiels et de remises en question de la société sont toujours aussi pertinents quatre ans plus tard et sortent du discours convenu que plusieurs rappeurs entretiennent.
Offert au tinyurl.com/mektoub
(co-écrit avec Olivier Boisvert-Magnen)
