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La propriété principale du saule est sa capacité à absorber une grande quantité d’eau limitant ainsi le déversement des eaux polluées dans la nappe phréatique.

Traiter les eaux polluées avec les plantes

PhytoVaLix, pour phytotraitement et valorisation de lixiviat, est un projet pilote lancé par l’Institut de recherche en biologie végétale de l’UdeM, en collaboration avec Polytechnique Montréal. Codirigée par le professeur au Département de sciences biologiques de l’UdeM Michel Labrecque, l’équipe de chercheurs propose une nouvelle solution de traitement des eaux polluées grâce à la plantation de végétaux, notamment de saules à croissance rapide. L’initiative se base sur la phytotechnologie (voir encadré).

Traitement des eaux contaminées

L’équipe de recherche s’est intéressée à la problématique des eaux contaminées se trouvant dans des sites d’enfouissement. « Dans ces sites, il y a des eaux de pluie qui passent à travers des déchets et créent un lixiviat, une sorte de jus de poubelle chargé de toute sorte de contaminants, qui est ensuite rejeté dans l’environnement », explique M. Labrecque. D’après le chef de la division Recherche et développement scientifique du Jardin botanique, la gestion de ces lixiviats coûte cher aux entreprises détentrices de terrains et une partie de ces déchets est déversée dans la nature, ce qui génère un poids économique et environnemental.

L’équipe s’est donc penchée sur des solutions et a proposé d’installer une plantation filtrante de saules permettant de renvoyer une partie des lixiviats vers les arbres. « Les saules peuvent retenir une grande partie de l’eau, et donc empêcher qu’il y ait un déversement dans l’environnement, développe M. Labrecque. Ils vont évaporer ou transpirer l’eau pour leur propre métabolisme. »

Pourquoi des saules ?

« Nous ne pourrions pas le faire avec n’importe quelle espèce d’arbre, précise M. Labrecque. Si nous avions planté des érables, ça n’aurait pas marché de la même manière. » L’avantage, selon lui, est que les saules sont des plantes qui vivent naturellement dans des milieux mal drainés, par exemple en bordure de rivière. Ils résistent à l’excès d’eau et utilisent celle-ci pour mieux se développer. « Ils ont besoin d’eau pour s’exprimer à leur plein potentiel », poursuit M. Labrecque.

Généralement perçus comme des défauts, ce besoin d’eau et cette capacité de transpiration du saule sont des éléments exploités par l’équipe de PhytoVaLix. Peu d’espèces d’arbres répondraient à ces critères.

Un projet d’économie circulaire

« Ce qui est intéressant dans notre démarche, c’est que nous récupérons et traitons un déchet, le lixiviat, qui nourrit des plantes. Elles sont ensuite utilisées pour faire des bioproduits. », explique M. Labrecque. Le lixiviat devient un élément utile dans la production des arbres, qui produisent ensuite de la biomasse (matière organique d’origine végétale utilisable comme source d’énergie, NDLR) qui sert à la fabrication d’autres produits, selon le professeur. Le saule peut également être taillé régulièrement, ce qui permet, par exemple, de réutiliser ses branches pour construire des paillis organiques ou des murs antibruit. « Avec ce projet, nous faisons donc aussi de l’économie circulaire », ajoute-t-il.

Les premiers essais du projet ont commencé l’année dernière. Cet été, l’équipe a installé à Sainte-Sophie le dispositif permettant de détourner les eaux et d’alimenter les plantations de saules. Les chercheurs peuvent vérifier que le projet fonctionne grâce à l’installation de lysimètres, des tubes qui permettent de récolter l’eau libre dans le sol. « Ce que nous remarquons, c’est qu’il n’y a pratiquement pas d’eau qui pourrait ensuite se déverser dans la nappe phréatique, parce que les saules évapo-transpirent », précise M. Labrecque. Pour l’instant, selon lui, le projet fait ses preuves et les saules remplissent leur mission.

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