Tissu intelligent

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Par Etienne Fortier-Dubois
vendredi 16 décembre 2016
Tissu intelligent
Finaliste canadienne du prix Blue Sky, Goeun Sim remporte 1500 dollars et est éligible pour la finale mondiale où trois chercheurs se rendront à Berlin en juillet 2017, toutes dépenses payées, afin de présenter leurs projets devant des dirigeants d’entreprise de l’industrie forestière. Crédit photo : Courtoisie College of Human Ecology at Cornell University.
Finaliste canadienne du prix Blue Sky, Goeun Sim remporte 1500 dollars et est éligible pour la finale mondiale où trois chercheurs se rendront à Berlin en juillet 2017, toutes dépenses payées, afin de présenter leurs projets devant des dirigeants d’entreprise de l’industrie forestière. Crédit photo : Courtoisie College of Human Ecology at Cornell University.
Pour son idée de textile intelligent à base de bois, la diplômée en chimie à McGill Goeun Sim a été nommée finaliste du Canada pour le prix Blue Sky. Rencontre avec l’étudiante, désormais chercheuse postdoctorale à l’Université Cornell aux États-Unis.

Quartier Libre : Quelles sont les innovations du textile à base de bois que vous avez imaginé?

Goeun Sim : La première consiste à colorer le tissu à l’aide de nanoparticules de silice. Il est possible d’encapsuler des molécules de colorant à l’intérieur même de la silice, puis d’attacher ces dernières au textile. Par rapport à la façon classique de teindre un tissu, cela permettrait d’utiliser moins de colorant, et pourrait réduire la pollution.L’autre innovation est liée à la production du fil de cellulose, un textile fabriqué à partir de pâte de bois. Le procédé traditionnel de transformation génère des gaz très toxiques, mais de récentes avancées en chimie verte permettent d’y arriver sans les sous-produits polluants. L’idée est donc de combiner ces deux innovations pour créer un nouveau produit à valeur ajoutée pour l’industrie, et sans danger pour l’environnement.

Q. L. : Pourquoi parle-t-on de « textile intelligent » ?

G. S. : Parce que le textile serait sensible à certains stimulus. Les colorants que j’aimerais intégrer aux nanoparticules pourraient réagir au pH, aux rayons ultraviolets ou à la température et ainsi modifier la couleur du tissu selon les conditions environnementales.

Q. L. : Quels sont les défis que vous entrevoyez pour mener à bien le projet ?

G. S. : Le principal défi sera de fabriquer les nanoparticules avec le colorant à l’intérieur. Tout dépend des colorants utilisés. Comme ils ont différentes propriétés, il faut adapter la méthode à chaque fois. Par ailleurs, travailler avec des nanoparticules peut être un cauchemar parce qu’elles ont tendance à être déstabilisées facilement. Cela étant dit, l’utilisation des nanoparticules de silice est déjà bien établie, et la production « verte » du fil de cellulose a déjà commencé à petite échelle, donc je crois que c’est prometteur. Pour l’instant, le projet demeure à l’état de proposition de recherche, mais j’espère, grâce au concours, attirer l’attention de l’industrie afin de concrétiser l’idée. Je ne connais pas encore tous les problèmes qui peuvent se présenter lors de la production.

Q. L.  : Comment avez-vous cette idée ?

G. S. : Pendant mon travail postdoctoral ici à Cornell, qui consiste à utiliser des particules de silice pour imperméabiliser des textiles de coton contre l’eau et l’huile, je me suis demandé ce qu’on pourrait faire de plus qu’attacher les particules au tissu, et j’ai pensé qu’on pourrait insérer quelque chose à l’intérieur.

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