Les deux étudiantes à la maîtrise en composition et création sonore à l’UdeM, Stéphanie Hamelin-Tomala et Sophie-Agnès Mongeau, ont participé en février 2015 à un atelier de composition musicale au Conservatoire de Bologne, en Italie. « Les compositeurs étaient jumelés avec un réalisateur, ce qui fait qu’il y a deux musiques pour le même film », relate Stéphanie. Durant tout le déroulement de l’atelier, les participants ont travaillé dans les mêmes conditions que des professionnels. Ils étaient divisés dans des salles de travail afin d’échanger avec le réalisateur et connaître directement ses intentions concernant le film. « J’avais préparé une composition avant l’atelier, mais lorsque le réalisateur avec lequel j’ai travaillé a présenté son film, je me suis rendu compte que je n’étais pas vraiment dans la bonne direction », reconnaît-elle.
Stéphanie a travaillé sur un documentaire d’une dizaine de minutes qui met en scène la pratique de l’égoportrait. « Les gens sont en train de se prendre en photo devant quelque chose, mais on ne sait pas ce que c’est, raconte-t-elle. À la fin, on se rend compte que c’est la tour Eiffel. » L’étudiante souligne qu’elle a rencontré quelques difficultés à composer la musique pour accompagner ce film. « Le réalisateur voulait une musique neutre, mais pour moi ça ne veut rien dire, déclare-t-elle. J’ai alors procédé par essais et erreurs. J’ai essayé des choses et il me disait si ça lui plaisait ou pas. »
Pour sa part, Sophie-Agnès a composé une musique pour un projet de deux minutes au sujet d’une compétition de vélo qui se déroule à Gand, en Belgique. « La réalisatrice m’a dit qu’elle voulait que, pour ce film, on adopte au début le point de vue du cycliste, et ensuite celui de la foule, ajoute-t-elle. Progressivement, on change de place dans l’espace. » Elle souligne que la musique devait accompagner cette transition du cycliste vers la foule en accentuant certains passages.
En immersion
Le chargé de cours à la Faculté de musique François-Xavier Dupas explique que les deux étudiantes ont servi de cobayes à la mise en place d’une maîtrise internationale en composition à l’écran. « Il était nécessaire de tester le contenu pédagogique par la mise en place de différents ateliers, explique-t-il. À Bologne, les étudiants ont pu tester les relations entre compositeurs et réalisateurs. À Lyon, ils ont produit et enregistré le travail réalisé à Bologne. Et, à Aubagne, ils vont pouvoir rencontrer des professionnels et diffuser leur travail. »
Une expérience très enrichissante pour les deux étudiantes sur le plan des relations, tant avec les autres étudiants qu’avec les professeurs accompagnateurs. « Le projet était super intéressant en lui-même parce qu’on pouvait mettre en pratique tout ce qu’on avait vu en classe », affirme Sophie-Agnès. Les professeurs ont donné des astuces et ont réagi aux attentes des étudiants tout en leur laissant une certaine liberté, afin de les placer dans des conditions de travail qui se rapprochent le plus possible de la réalité.
Néanmoins, Sophie-Agnès souligne que le vrai défi, pour elle, était de diriger les musiciens qui enregistraient sa composition. « J’ai su que je devais diriger une semaine avant d’aller à Lyon, dit-elle. Je suis allée parler aux professeurs et à des étudiants qui l’avaient déjà fait pour avoir des astuces, parce que je n’avais jamais dirigé. » Elle raconte s’être concentrée sur ses mouvements de direction pour transmettre ses intentions aux musiciens et demeurer la plus fidèle possible à la musique composée pour le film. « C’était vraiment chaque chose en son temps, relate-t-elle. Je connaissais la musique par cœur, je ne regardais plus mes partitions, je le faisais à l’oreille et ça aidait l’interaction avec les musiciens. »
Une formation en devenir
La nouvelle maîtrise internationale en composition à l’écran permettrait aux étudiants d’acquérir une meilleure expérience professionnelle et d’approfondir leurs connaissances au sein des institutions partenaires, selon Stéphanie. « Présentement, je trouve qu’au Québec, il n’y a pas un programme complet et pas assez de cours sur la composition musicale pour l’écran, affirme Stéphanie. Mon échange à Lyon au semestre d’automne m’a permis de combler mes lacunes. »
M. Dupas explique que, pour le moment, le but est de continuer à se battre pour faire exister cette formation. « J’aimerais que cela aboutisse parce que je vois ce que ça a apporté aux différents compositeurs qui ont participé aux ateliers, souligne-t-il. Je pense que ce serait une formation hors du commun et capable d’enrichir beaucoup d’étudiants, que ce soit sur le plan professionnel ou humain. » Le Festival d’Aubagne sera l’occasion pour ces étudiants de présenter leurs travaux, de faire la publicité du programme et de rencontrer des réalisateurs et compositeurs professionnels.